Hier soir, en seconde lecture, les députés ont adopté les mesures du projet de loi relatif à la consommation ainsi que certains amendements portés par l'exécutif.

Ces dernières semaines, la filière a donné de la voix contre certaines mesures figurant dans le projet de loi Conso. En vain. À l'Assemblée nationale, hier soir, les dispositions de l'article 17 quater ont été votées pour l'essentiel. Récapitulons concrètement : les députés entérinent une modification du Code de la Santé publique en vue de supprimer l’obligation de diplôme pour diriger ou gérer un magasin d’optique. En revanche est maintenu le monopole de la profession pour la délivrance des verres correcteurs et des lentilles correctrices (mais pas pour les solutions d'entretien). S'agissant de la durée de validité de l'ordonnance, pas de changement, contrairement à ce qui était annoncé : le texte maintient à 3 ans le délai de renouvellement durant lequel les opticiens peuvent, sous certaines conditions, renouveler les lunettes de leurs clients de plus de 16 ans. L'extension à 5 ans n'a finalement pas été retenue pour des raisons de prévention, comme l'explique Razzy Hammadi, rapporteur du projet de loi : "(le délai de 5 ans serait) de nature à espacer chaque consultation ophtalmologique, ce qui doit être étudié afin de prendre en considération les particularités des patients notamment au regard de leur âge et des pathologies diagnostiquées".

D'autre part, et c'est un autre point important, le texte contraint les prescripteurs, autrement dit les ophtalmos, à mentionner sur leur ordonnance de verres l’écart pupillaire de leur patient. Le but : faciliter l’achat de lunettes sur le web. On notera aussi que le texte impose, pour les verres qualifiés "de puissance significative" (mais pas pour les progressifs), des prises de mesures "dans des conditions fixées par décret". Retenons enfin que c'est aussi par un décret en Conseil d’Etat que seront déterminées les conditions de délivrance de lentilles de contact correctrices à un primo-porteur. Quant aux sites Internet, ils se voient rappeler qu'ils doivent engager un "professionnel qualifié" pour répondre aux demandes des internautes. C'est maintenant aux sénateurs de valider ou de modifier le texte voté par leurs collègues députés.

Ce matin, à la radio, Benoît Hamon, ministre de la Consommation à l'origine de ce projet de loi, s'est félicité de l'adoption de ces mesures, et particulièrement de celles concernant la vente en ligne : "Le but est que les prix pratiqués sur Internet, qui sont plus bas, amènent les opticiens à baisser les prix. Actuellement, rien n'explique sérieusement que les lunettes soient deux fois plus chères pour le même service en France qu'en Angleterre, en Allemagne", a-t-il déclaré. Par ailleurs, il a balayé les arguments de certains opposants à l'optique en ligne concernant la qualité des équipements achetés par ce canal : "Qu'on arrête de dire que sur Internet il n'y a que des produits low-cost. Quand il y a une rente à mes yeux, et je ne le dis pas dans le sens négatif du terme mais économique, c'est-à-dire une situation où le prix est anormalement élevé par rapport à ce qui devrait être le prix normal, il me semble qu'il est de la responsabilité d'un dirigeant politique de gauche de dire cela. Dans un an, on ne paiera plus 470 euros pour un équipement mais 350, et on y aura gagné. Un peu de concurrence dans certains secteurs, comme l'optique, ça ne fait pas de mal", a-t-il ajouté.

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