C'est la question que pose le professeur Béatrice Cochener dans une tribune publiée récemment dans Le Figaro. La communauté ophtalmologique a des soupçons et des études sont en cours sur la dangerosité potentiel de ce mode de projection. 

De plus en plus de cinémas proposent à l'affiche des films diffusés en 3D mais aussi d'autres supports technologiques, de l'ordinateur au smartphone. Est-ce dangereux pour les yeux ? s'interroge dans le quotidien le Pr Béatrice Cochener, chef du service d'ophtalmologie du CHU de Brest. Elle estime d'emblée qu'entre 10 et 15% des spectateurs seraient gênés par ce type de projection. En quoi consiste cette gêne ? Elle se manifeste principalement par des céphalées, des nausées, des dédoublements, du flou visuel…, énumère le Pr Cochener qui s'interroge encore, comme beaucoup de ses confrères, sur les raisons de la survenue de cette intolérance. À ce jour, explique-t-elle, aucune preuve scientifique n'a été produite qui indiquerait de manière indiscutable qu'une "utilisation prolongée de la 3D peut altérer le développement de l'appareil visuel». Pour l'heure, si certains fabricants, notamment de console de jeux vidéos, déconseillent l'usage de la 3D au public de moins de 6 ans, c'est davantage dans une logique "d'application du principe de précaution face aux questions soulevées par ces nouvelles technologies" que dans une logique de dissuasion fondée sur des éléments issus de la recherche.
"Les ophtalmologistes supposent que la 3D ne sera pas délétère pour la vue des utilisateurs. En revanche, il est possible qu'elle augmente la fatigabi­lité, en particulier des personnes qui présentent déjà un dysfonctionnement de la vision binoculaire et/ou des troubles oculomoteurs, comme les stra­biques. Dans cette population à risque, les enfants de moins de 8 ans seraient les plus vulnérables, car non seulement leurs yeux sont en cours de développement, mais la plupart suivent également une rééducation visuelle qui pourrait être entravée par la 3D", avance le Pr Cochener en rappelant par ailleurs  qu'elle pilote des recherches sur ce thème au sein d'un groupement d'intérêt scientifique breton (qui réunit  Télécom Bretagne, un labo de l'Inserm et le service d'ophtalmologie du CHU de Brest).  Dans ce cadre, une étude d'évaluation sur l'impact d'une immersion 3D sur la vision est actuellement en cours. Elle devrait notamment déterminer quelles sont les populations les plus à risque en matière d'intolérance à la 3D. En attendant des résultats définitifs, Mme Cochener invite à la modération.

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