Un détenu agresse violemment un médecin à la prison de Villepinte (93). Hospitalisé, celui-ci pourrait perdre un oeil, nous apprend Le Quotidien du Médecin.

L'ophtalmologiste violemment agressé à l’unité de consultations et de soins ambulatoires (UCSA) de la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis) est un habitué des lieux. Il y travaille depuis une quinzaine d'années. Lundi matin, un détenu s'en est pris à lui, jusqu'à lui taillader le visage et l’œil gauche. "Selon le Dr Ludovic Levasseur, médecin chef de l’UCSA de Villepinte, le patient avait rendez-vous avec son psychiatre lorsqu’il a croisé l’ophtalmologiste avec qui il avait eu une récente altercation. Compte tenu de ce précédent, l’équipe évitait toute rencontre entre les deux. À l’insu de la surveillance, en passant au travers de deux postes de contrôle, il a réussi à se réintroduire dans le service pour commettre un acte délibéré. Il tenait un demi-ciseau affûté et un stylo surmonté de lames de rasoir", rapporte Le Quotidien du médecin. Les jours de l'ophtalmologiste, hospitalisé et encore sous le choc, ne sont pas en danger mais il craint de perdre l'usage de son oeil abîmé. Par solidarité, précisent nos confrères du journal médical, les soignants ont exercé leur droit de retrait lundi et mardi.

Ce débordement témoigne une fois de plus, si besoin était, des difficiles conditions de travail du personnel pénitentiaire. Pour le Dr Levasseur, la surpopulation carcérale et le manque de gardiens pour encadrer les détenus sont des facteurs en cause dans cette agression : "Aujourd’hui la maison d’arrêt compte 900 détenus, soit un taux de surpopulation de 166 % », constate-t-il. Avant de détailler le fonctionnement de l'unité médicale dont il a la responsabilité : "L’infirmerie reçoit entre 70 et 140 détenus par jour (avec une moyenne de 120), entre 8 heures et 17h30. Il n’y a qu’un seul surveillant pour ouvrir les portes et effectuer une simple palpation». Avec cette agression dont a été victime son collègue, le médecin chef Levasseur attend maintenant le renforcement des règles de sécurité autour du personnel médical. Des revendications qui sont relayées au niveau national par la présidente du Syndicat des praticiens exerçant en prison (SPEEP), le Dr Émilie Chaigne. « Il faut sécuriser les unités sanitaires et également reconnaître le risque qu’on encourt, sans quoi le nombre de médecins en prison baissera inéluctablement », prévient-elle.

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