Ce matin, Alain Gerbel, le président de la Fédération nationale des Opticiens de France, a reçu la presse en petit comité. L'occasion pour lui d'afficher la position de son syndicat en cette période "d'agitation législative".

Projet de loi de financement de la Sécurité sociale, projet de loi Consommation, proposition de loi Le Roux... "à qui profite l'agitation législative ? C'est toute la question", s'interroge Alain Gerbel. Lui pointe clairement du doigt les Ocam. "Demain, même si, sous la pression politique, les prix en optique baissent effectivement, vous verrez que les prix des cotisations des Ocam vont continuer de grimper", pronostique, convaincu, le président de la Fnof. Qui poursuit : "La baisse voulue en optique par les pouvoirs publics ne compensera pas la hausse des tarifs assurantiels. Au final, n'en déplaise aux décideurs politiques, le consommateur sera le grand perdant". Les Ocam dans son viseur, Alain Gerbel dénonce toutes sortes "d'irrégularités" qui leur profiteraient : "L'opacité règne encore et toujours sur les frais de gestion des complémentaires, sans parler des plateformes de réseaux de soins qui fonctionnent en plein flou juridique". Pour le représentant de la Fnof, il ne fait pas de doutes que "le système de santé tel qu'il se dessine actuellement est un marché de dupes." Quelle sera, demain, la place des opticiens dans un système "où la finance l'emporte sur la santé", c'est précisément ce qui inquiète le leader syndicaliste.

Faisant état de récentes réunions régionales avec les adhérents de la Fnof, dont la dernière en date a lieu hier soir à Lyon, Alain Gerbel constate "l'amertume" des opticiens sur le terrain : "Ils sont déçus de l'attitude de leur ministre de tutelle (Marisol Touraine, ndlr). Ils ne se sentent pas entendus et moins encore défendus". Pire, il déplore "un affrontement" entre le ministère de la Santé et le ministère de la Consommation, occupé, rappelons-le, par Benoît Hamon. Affrontement dont, selon lui, les opticiens feraient les frais si on en croit l'avalanche de dispositions législatives "incohérentes ou contradictoires" qui frappent la profession. Au demeurant M. Gerbel égratigne, à mots à peine couverts, la position des syndicats concurrents en partie responsables, selon lui, de la situation actuelle : "ni l'allongement de la durée de validité des ordonnances, ni la reconnaissance de l'optométrie ne peuvent être des solutions efficientes. Il faut voir plus loin et réfléchir au rôle de l'opticien dans la filière visuelle, et la place de celle-ci dans un système de santé repensé". Pas tendre avec ses homologues ni avec les décideurs politiques, M. Gerbel appelle néanmoins de ses voeux à une "grande concertation" avec les uns et les autres. Sinon ? "C'est l'obsolescence programmée de la profession", prédit-il avec gravité.

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