Les syndicats ont posé hier les bases d’un « service minimum volontaire ». En attendant une mise en place opérationnelle qu’ils espèrent rapide, ils en appellent à la responsabilité de chacun. Leur message : on ne pense plus commerce, mais urgence sanitaire et civisme. 

Ils ont mis de côté leurs divergences du passé. Organisés en cellule de crise depuis ce week-end, les trois syndicats d’opticiens - FNOF, ROF et SYNOM - font ensemble le lien entre les pouvoirs publics et la profession. « Nos syndicats sont alignés », nous a dit hier André Balbi, qui préside le ROF. Et comme ses deux autres interlocuteurs, Alain Gerbel pour la FNOF et Véronique Bazillaud au titre du SYNOM, il attend une unité sur le terrain. « Assumer notre devoir de professionnels de santé, d’accord, mais pas dans n’importe quelles conditions. La profession doit tout entière être exemplaire dans la situation que l’on traverse », nous a-t-il encore déclaré. Façon de dire que dans un contexte de confinement, ouvrir son magasin n’a pas de sens.

Même son de cloche du côté d’Alain Gerbel, à la tête de la FNOF : « Notre réponse à la crise sanitaire doit être collective. C’est une position de filière que nous défendons », assumait-il hier, quitte à susciter l’incompréhension, depuis, de ses propres adhérents. Joint par téléphone aujourd’hui, il persiste et signe : « Dans la situation que nous vivons, on a besoin d’une prise de conscience collective ! Nous alertons sur la gravité de la situation. Dans ce contexte difficile, c’est notre rôle de mettre en garde contre toute attitude qui ne serait pas responsable ». M. Gerbel fait évidemment allusion à ceux qui penseraient encore commerce avant de penser urgence sanitaire et civisme. Mais aussi à ceux qui croient à tort que des éléments basiques de protection - gants, masques - suffisent à être totalement protégés. « La possession de ses équipements est nécessaire mais loin d'être suffisante. Se protéger efficacement et protéger ceux avec qui on est en contact ne s’improvise pas, cela s’apprend. Il y a des règles de manipulation très strictes. C’est tout le sens du plan d’action concret que nous sommes en train de finaliser avec les pouvoirs publics », insiste-t-il, au bout du fil.

Déléguée générale du SYNOM, Véronique Bazillaud ne disait pas autre chose, hier. Elle mise sur la fiabilité du dispositif de permanences tournantes qui est en train de voir le jour : « Dans cette période dramatique, on a confiance dans le fait que ce service minimum, basé sur le volontariat, attirera uniquement des opticiens responsables ». La responsabilité, encore et toujours, c’est la ligne de conduite que les organisations syndicales espèrent donc voir s’appliquer partout. Et sur le terrain, justement, qu’en est-il ? Pour autant que l’on puisse en juger, grâce à notre réseau de contacts et de correspondants en régions, une très grande majorité d’opticiens ont baissé rideau depuis lundi. Probablement dans les 90 %. Une décision qui, selon beaucoup de témoignages, n’a pas été facile à prendre, surtout dans les zones qui paraissent encore relativement épargnées par l’épidémie. Parfois contestée, parfois discutée, la directive des syndicats donnée dès dimanche soir - leur appel à fermer les magasins - semble donc avoir été massivement entendue. 

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