Interpellée hier dans l'Hémicycle à propos de son projet de plafonnement des remboursements des soins optiques, la ministre de la Santé a tenté de se justifier. Visiblement sans convaincre.

Les lunetiers du Jura, Marie-Christine Dalloz (photo) les connait bien. Et pour cause : c'est une élue du coin. Hier, à l'Assemblée nationale, lors de la séance des questions au gouvernement, cette députée UMP de la deuxième circonscription a pris leur défense, interrogeant la ministre de la Santé, Marisol Touraine, sur son projet de plafonnement des remboursements optiques. C'est au nom des lunetiers jurassiens que cette parlementaire s'est exprimée mais aussi au nom des entreprises de l'industrie ophtalmique "faisant vivre des bassins d'emploi à Dijon, Emerainville, Fougères, Provins". Dans son intervention, Mme Dalloz a d'emblée souligné des divergences entre le cap fixé par le Premier ministre en matière de soutien à "la compétitivité des entreprises françaises" et les conséquences potentielles de la mesure portée par le ministère de la Santé. Aux yeux de la députée du Jura, la perspective de plafonner les remboursements pourrait impacter sévèrement la compétitivité de la filière hexagonale et donc, par ricochet, faire fondre les quelque 50 000 emplois directs et en sous-traitance du secteur. Pour Mme Dalloz, Marisol Touraine commet une grosse erreur d'appréciation en abordant la question de la régulation de l'optique à travers le seul "'prisme du prix". Si jamais la mesure envisagée par le gouvernement passe, l'élue du Jura prévoit même le pire : "Les conséquences de cette mesure vont indéniablement se traduire par une casse industrielle sans précédent".

Prenant à son tour la parole, Marisol Touraine a brandi principalement deux arguments en guise de réponse. Le premier fait fond sur la prétendue cherté des équipements optiques en France comparativement à ce que l'on observe ailleurs en Europe. Prétendue car les acteurs de la filière, syndicats en tête, ont toujours contesté que les équipements étaient plus couteux chez nous que chez nos voisins. Par-là elle sous-entend aussi qu'en France le taux de renoncement à l'achat d'un équipement optique est fort,  un argument que les différents acteurs du secteur ont, là encore, souvent battu en brèche. Elle a d'autre part martelé que "l'enjeu du gouvernement est de permettre à l'ensemble de nos concitoyens d'accéder à des soins de qualité". Un argument semble-t-il trop flou aux yeux de la députée du Jura. Durant la prise de parole de la ministre de la Santé, Marie-Christine Dalloz n'a en effet eu de cesse, sur les bancs de l'Assemblée, de dodeliner de la tête manifestant continûment son désaccord. Visiblement, les justifications de Mme Touraine peinent à convaincre.

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