Battue sur le fil aux législatives dans son fief du Pas-de-Calais, Brigitte Bourguignon va devoir démissionner un mois seulement après sa prise de fonctions. Qui pour reprendre son portefeuille ministériel ?

30 et 56 : deux chiffres à mettre en regard. À peine trente petits jours après sa nomination au ministère de la Santé et de la Prévention, Brigitte Bourguignon va devoir démissionner, battue aux législatives de seulement 56 voix par son adversaire Christine Engrand, candidate du Rassemblement national. Pourtant élue par deux fois dans la 6ème circonscription du Pas-de-Calais, son fief, en 2012 et 2017, d’abord sous l’étiquette socialiste puis sous la bannière En Marche, l’ex-future ministre de la Santé n’aura donc pas profité cette fois de son ancrage local. D’où sa très vive amertume, selon des déclarations rapportées par nos confrères de La Voix du Nord, hier soir, après la consolidation des résultats. Puisque les urnes ont parlé et comme le veut la règle - très discutable - édictée par l’Élysée, Mme Bourguignon devra présenter sa démission et quitter l’avenue de Ségur alors même que son cabinet était en train d’être finalisé, après de toutes récentes nominations de collaborateurs… Le monde de la santé, qui avait plutôt favorablement accueilli l’entrée en fonction de Brigitte Bourguignon en dépit d’un profil jugé plus social que proprement santé, va donc ouvrir grands ses yeux et ses oreilles pour (essayer de) savoir qui sera prochainement son nouvel interlocuteur. Au petit jeu des pronostics, plusieurs noms sont plus côtés que d'autres...

À la faveur d’un inévitable remaniement ministériel, Olivier Véran, actuel ministre délégué chargé des relations avec le Parlement et largement réélu dans l’Isère, pourrait-il reprendre les rênes du ministère dont il avait remis les clés à sa furtive successeure ? S’il a, dit-on, fait le forcing pour conserver en vain son poste il y a un mois, son retour serait tout de même étonnant. D’autres noms plus crédibles circulent : pour certains, Thomas Mesnier serait le postulant le plus sérieux. Fidèle du Président de la République, ce trentenaire médecin-urgentiste a remporté de justesse (de seulement 24 voix) son duel face à un représentant de la coalition Nupes, dans les Charentes. On évoque aussi le nom de Nicolas Revel, 56 ans, homme d'expérience et venu de la gauche : si l'ex-patron de l'Assurance-maladie et ancien directeur de cabinet de Jean Castex à Matignon est d’abord et avant tout pressenti pour prendre la suite de Martin Hirsch à la tête de l’AP-HP, il aurait de sérieux atouts pour récupérer le portefeuille du ministère de la Santé. Le nom d’Aurélien Rousseau revient également dans les pronostics : l’ancien directeur général de l’Agence régionale de Santé Ile-de-France est actuellement directeur de cabinet de la Première ministre Elisabeth Borne. Ce haut fonctionnaire de 45 ans pourrait-il, dans un contexte de redistribution des cartes politiques, faire son entrée avenue de Ségur ? Sa sensibilité de gauche pourrait jouer en sa faveur à l’heure où l’équilibre des forces à l’Assemblée nationale se redessine… On cite enfin l’hypothèse Stéphanie Rist. La candidate d’Ensemble, médecin rhumatologue, a de nouveau gagné dans la première circonscription du Loiret, réélue confortablement (avec plus de 57 % des voix). Autant de noms, autant de scénarios : ils ne sont pas totalement nouveaux et circulaient déjà, au moment de la formation du gouvernement Borne, avant que le choix ne se porte sur Brigitte Bourguignon désormais sur le départ… 

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