Le Groupement des Industriels et Fabricants de l’Optique ne décolère pas contre le gouvernement. Selon ses membres, le décret en préparation sur les plafonds de remboursement menace "l'équilibre économique" des entreprises françaises.

Que va-t-il se passer si le décret sur les remboursements plafonnés passe tel qu'il est annoncé ? Pour les industriel de l'optique réunis au sein du Gifo il ne fait pas de doute que c'est la mort annoncée de bien des entreprises hexagonales. Parce qu'il implique une pression sans précédent sur les prix, les fabricants français ne pourront plus faire face. "Le ministère de la Santé s’apprête à publier dans la précipitation un décret qui risque de mettre à terre tout un secteur de l’industrie française", redoutent les membres du Gifo qui estiment que ce sont près de 11 000 emplois directs qui sont "directement menacés". Sans compter les quelque 40 000 emplois indirects, sous-traitants en tête, qui oeuvrent dans des bassins d’emplois comme ceux de Morez (Jura), Oyonnax (Ain), en Normandie ou encore en région parisienne. Tous autant qu'ils sont, ceux qui travaillent pour la filière optique "sont particulièrement exposés", affirme encore et encore des industriels qui essaient, à travers des tribunes et des communiqués dans la presse grand public (Le Monde, La Tribune, le JDD), d'attirer l'attention sur l'enjeu du moment : "En faisant désormais du coût de fabrication le seul critère d’expression de la concurrence sur le marché français et en empêchant la différenciation, le déremboursement va, en cascade, fermer brutalement le marché domestique de ces entreprises, vider leurs usines françaises et briser leur équilibre économique", résume le Gifo.

Les adhérents de cet organisme comprennent d'autant moins cette menace que le gouvernement fait peser sur le secteur, alors que le président de la République lui-même, en septembre dernier, a dit considérer cette filière comme "un secteur d’avenir de la nouvelle France industrielle". "Nous avons l’impression que nous n’aimons pas ce qui marche en France et que l’industrie pèse peu face à tous les lobbys qui s’expriment et qui semblent aujourd’hui faire les décisions. Nous demandons juste à pouvoir faire notre travail, équitablement. Pourquoi vouloir subitement sacrifier une industrie française de pointe déjà très exposée à la concurrence mondiale ? Quel en sera le prix pour la santé ? Quel en sera le prix pour nos emplois industriels ?" s'interroge Jérôme Colin, président de LEOO (Les Entreprises d’Optique Ophtalmique). Administrateur du Gifo et à la tête de la PME éponyme, Philippe Lafont ajoute de son côté : "Ce sujet du déremboursement a été traité par le gouvernement en oubliant complètement la filière en amont de l’opticien, en oubliant toutes nos entreprises qui tentent de résister avec un coût de fabrication en France beaucoup plus élevé qu’ailleurs et peu de protections sanitaires et douanières. Il faut bien comprendre que le plafonnement des remboursements combiné à la politique de reste à charge nul de certaines mutuelles, que vient d’encourager la récente loi Le Roux, aboutit à exclure nos produits du marché, même si les clients les demandent ! Les Français ont connu les lunettes Sécu, je doute qu’ils veuillent aujourd’hui des lunettes mutuelles !". 

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