Reçu, hier, dans l'émission "L'Invité des Échos", Philippe Peyrard, le directeur général délégué d'Atol, a donné son point de vue sur les cyberopticiens, le reste-à-charge ou encore sur la démographie de la profession.

Questionné par Pascal Pogam, le rédacteur en chef des Échos dans l'émission qu'il anime sur la webTV du quotidien économique, Philippe Peyrard, le directeur général délégué d'Atol a d'abord livré un point de vue tranché sur la loi Hamon qui est censée libéraliser la vente de lunettes optiques sur Internet. À ses yeux, cette loi est vide et dépourvue d'intérêt : "La loi Hamon n'apporte rien de nouveau, a-t-il déclaré. Ce n'est qu'une vision dépassée des choses car la vente sur Internet existe depuis près de 10 ans déjà". Appelé à réagir sur les propos de Marc Simoncini, le président de Sensee, qui annonce pouvoir baisser de 50% en moyenne le tarif des lunettes sur Internet, M. Peyrard tique : "M. Simoncini compare des produits qui ne sont pas comparables. C’est comme rapprocher une 2 CV d'une Bentley. Les deux voitures sont capables de vous emmener d'un point A à un point B. Mais il s’agit de deux voitures dotées d’un confort, d’une sécurité sans commune mesure. Il en va de même pour nos lunettes." Selon lui, la baisse de prix vantée par les acteurs de la vente en ligne est un faux argument : "Dans nos magasins, pour quelques dizaine d'euros, on peut repartir avec une paire de lunettes à verres unifocaux". Toujours sur le sujet des cyberopticiens, il a par ailleurs tenu à souligner que la question du service après-vente est selon lui complètement ignorée : "Une lunette vit. Elle a besoin d'un service après-vente de qualité" que, selon lui, Internet ne peut pas offrir. Et de rappeler que "globalement, les clients reviennent tous les 6 mois dans nos magasins pour réaliser quelques réglages".

Abordant plus largement le cas du système de santé à la française, le représentant d'Atol s'est clairement déclaré "partisan d'un reste-à-charge pour le consommateur". Il souhaite ainsi que "la complémentaire santé ne puisse rembourser qu'une sorte de service médical rendu", de façon à ce que le remboursement soit indexé en fonction de tel ou tel type d'amétropie. Pour lui, seul le reste-à-charge est à même de responsabiliser les porteurs dans leurs achats de santé : "Si le porteur souhaite une lunette ultralégère ou de marque, il devra alors mettre la main au portefeuille. Aujourd'hui, poursuit-t-il, carte Vitale en mains, nous avons trop habitué nos concitoyens à entrer dans une pharmacie puis à en sortir avec des sacs pleins, sans qu'ils sachent combien cela coûte à la collectivité". Cette apparente gratuité de la santé lui apparaît comme "une spirale infernale qui rend nos concitoyens irresponsables".

Également interrogé sur l'évolution continue de la démographie des opticiens, Phillipe Peyrard ne voit pas où est le problème. À ce propos, il conteste vivement le constat formulé par la Cour des Comptes dans son rapport l'année dernière qui pointait, rappelons-le, un nombre trop important d'opticiens en France comparé, par exemple, au cas américain. C'est d'ailleurs sur un récent voyage de M. Peyrard aux État-Unis que l'interview s'est conclue. Évoquant son passage au salon high-tech international CES de Las Vegas il y a une quinzaine de jours, il estime que les lunettes intelligentes à la vue, type Google Glass, constitue "un marché qui va s'ouvrir aux opticiens".

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