Par la voix de son président Étienne Caniard, la Mutualité française s'oppose aux plafonnements des remboursements prévus par l'exécutif. Elle anticipe même un effet pervers qui fera augmenter les prix.

Limiter la prise en charge des lunettes fera-t-elle baisser les prix, comme le veut le gouvernement à travers son décret à paraître bientôt ? Non, répond dans Les Échos d'hier Étienne Caniard (photo), président de la Mutualité française, qui redoute même une augmentation généralisée des tarifs : "Les plafonds sont bien trop élevés. Ils vont de 450 euros pour un équipement avec verres simples jusqu’à 800 euros pour les verres les plus complexes. Ces tarifs sont nettement supérieurs aux prix de vente moyens. Les nouveaux plafonds ne pourront donc jamais faire baisser les prix pour nous rapprocher de la moyenne européenne. Ils risquent même d’avoir l’effet inverse ! Les opticiens auront tendance à se caler sur ces prix plafonds".

Si Étienne Caniard juge louable l'objectif du gouvernement, il conteste cependant ses choix actuels : "En partant d’une bonne intention, l’amélioration de l’accès aux soins, le gouvernement risque d’aboutir au résultat opposé. Voilà où l’on en arrive lorsque l’on se trompe sur la façon d’administrer le secteur des complémentaires". Au demeurant, M. Caniard n'est pas le seul à pronostiquer ce que l'on pourrait appeler l'effet boomerang de ce décret à venir sur les plafonds de remboursements optiques. Dans une récente interview, le Dr Rottier, à la tête du Syndicat national des ophtalmologistes de France, anticipe lui aussi un alignement des tarifs des opticiens sur les plafonds, ce qui fera augmenter mécaniquement les prix…

Comme nous l'indiquions hier, le représentant de la Mutualité française mise pour sa part sur les réseaux de soins dédiés, seuls dispositifs efficaces selon lui pour réguler les prix en optique : "Les réseaux (…), qui permettent aux mutuelles de passer des contrats avec les opticiens ou les audioprothésistes, ont un vrai effet sur les prix tout en assurant une prise en charge de qualité. Ces réseaux permettent d’adapter les garanties en fonction des patients, de leur lieu de résidence…, soutient M. Caniard dans les colonnes du quotidien économique.

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