Dans un dossier sur le culot, le mensuel Management met Paul Morlet à l'honneur. Le jeune fondateur de Lunettes pour Tous revient sur les origines de son projet.

Paul Morlet est en couverture du dernier numéro de Management sur le thème de l'audace entrepreneuriale. Le témoignage du jeune chef d'entreprise - il a 27 ans - vient illustrer un dossier sur le culot à travers ses deux principales expériences, Lulu Frenchie (des lunettes fantaisie) en 2010 puis Lunettes pour Tous, qu'on ne présente plus, lancé en 2014. Il revient en détail sur les origines de ce dernier concept dans lequel Xavier Niel, le fondateur de Free, est partie prenante comme investisseur. À l'époque, après une première rencontre très cordiale entre les deux hommes, Xavier Niel encourage Paul Morlet à voir au-delà des lunettes publicitaires, le concept qui est alors à la base de Lulu Frenchie : "C'est lui (Xavier Niel) qui m'a suggéré de m'intéresser aux lunettes de vue. Lulu Frenchie, c'était sympa, mais tout le monde nous imitait et je ne voyais pas la suite. Je me posais des questions", se souvient Paul Morlet dans les pages de notre confère. Encouragé par celui qui a dynamité le secteur de la téléphonie, l'intéressé potasse alors le sujet et très vite lui vient l'idée du concept "des lunettes à 10 euros prêtes en 10 minutes". Business model à l'appui, Morlet soumet le projet à Xavier Niel : "Cinq mois plus tard, un e-mail : 'On la monte, cette boîte ?'. Il a mis 1 million d'euros sur la table", raconte encore Paul Morlet. Rappelons qu'au lancement de Lunettes pour Tous, ce parrainage n'est pas explicitement revendiqué. La presse subodorait ce soutien financier sans disposer toutefois d'éléments tangibles. Il faudra attendre début 2016, dans une interview au magazine Capital, pour que Paul Morlet reconnaisse que Niel a bien investi dans son projet…

Toujours dans cet entretien accordé à Management, Paul Morlet explique aussi comment la fronde des opticiens traditionnels a servi au décollage de son projet : "Lunettes pour Tous a immédiatement bénéficié d'un buzz de Robin des Bois. On a tapé très fort dès le début. Tous les opticiens m'ont traité d'escroc ou attaqué sur la qualité de nos produits. Sauf que nous avons les mêmes fournisseurs et la même qualité qu'eux pour dix fois moins cher… Ils nous ont fait une excellente publicité !", fait observer Paul Morlet avec le recul. Le créateur de Lunettes pour Tous raconte encore comment il aurait obtenu du cabinet de la ministre de la santé, sous le mandat de François Hollande, une évolution du décret sur l'ordonnance obligatoire. C'était en 2015 : "Un soir, dans un restaurant, j'ai croisé Marisol Touraine, alors ministre de la santé. Elle venait de faire passer un décret pour rendre obligatoire la prescription médicale en optique. C'était très mauvais pour nous. J'ai commencé par bavarder avec son chauffeur, dehors. Il se trouve que lui avait besoin de lunettes et que son ophtalmo le faisait attendre depuis deux mois. Je suis allé voir la ministre pour lui dire que je pouvais fournir à son chauffeur une paire en dix minutes chrono. Mais pour cela il fallait assouplir le décret… Deux jours plus tard, j'étais reçu par son directeur de cabinet. Et le décret a été assoupli". Elles sont décidément bien instructives, toutes ces anecdotes... Rappelons pour finir qu'après trois ans d'existence Lunettes pour Tous compte 6 boutiques et revendique 120 salariés en CDI, 9 millions d'euros de chiffre d'affaires et 3,5 % du marché de l'optique en volume.

Pour recevoir les dernières infos, inscrivez-vous à notre newsletter