L'optique dans la présidentielle : qui défend quoi ?

Certains candidats à la présidentielle ont été amenés à se prononcer sur les conditions de la prise en charge des frais d'optique. Macron, Fillon, Mélenchon, Dupont-Aignan, Jadot... qui défend quoi et à quel horizon ?

Comment mieux couvrir les dépenses d'optique en France ? Certains candidats à la présidentielle ont pris position sur le sujet, les uns en formulant des propositions relativement précises, les autres en laissant entrevoir de grandes orientations. Voilà ce que l'on peut dire au regard des prises de positions des uns et des autres pour l'instant...

Emmanuel Macron promet que les prix des lunettes, prothèses dentaires et auditives seront intégralement couverts à l'horizon 2022. Comment ? Le candidat entend activer trois leviers : convergence entre la Sécu et les Ocam, pression sur les fabricants et mise en concurrence plus forte des distributeurs. "Je veux que la Sécurité sociale travaille avec les mutuelles pour construire ensemble cette couverture à 100% pour toute la population, en faisant baisser les prix. Aujourd’hui, en France, une prothèse auditive est trois fois plus chère qu’en Allemagne ! Qu’est-ce qui le justifie ? Rien ! Parce que nous avons laissé certains s’organiser sur le dos de la population, parce que nous avons laissé trop peu de concurrence s’installer. Vous pouvez, en remettant de la juste concurrence, en mettant une pression sur certains producteurs de prothèses dentaires ou auditives, faire baisser les prix, retrouver un prix plus juste en protégeant mieux. Vous réconcilier, se faisant, la liberté et la justice", a fait valoir le candidat du mouvement En marche lors d'un meeting en janvier à Nevers. Il déplore, en optique, "des prix très élevés" au regard des "prestations" fournies.

François Fillon souhaiterait lui aussi voir s'améliorer la couverture des dépenses d'optique. D'ici à la fin du prochain quinquennat, il estime possible d'arriver à zéro reste-à-charge pour les Français (précisons que ce serait plus tôt, dès 2017, pour le cas particulier des enfants). Pour ce faire, il table sur une remise à plat des relations entre les régimes obligatoires et complémentaires, sans toutefois préciser à ce stade les contours précis de cette réorganisation. 

Président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan envisage de rembourser à 100 % les lunettes, tous les 4 ans. Toutes les lunettes ? Non, l'équipement serait à choisir parmi un éventail de montures et de verres établi en amont par les industriels et les opticiens en concertation avec les pouvoirs publics, croit-on comprendre. À quelques variantes près, un même dispositif s'appliquerait à l'audio (prise en charge intégrale d’une prothèse tous les 5 ans sur la base d'un référentiel de prestations, là encore négociées avec les professionnels de santé et les industriels).

Sans indiquer d'échéance précise (en cours ou en fin de quinquennat ?), Jean-Luc Mélenchon ambitionne de rembourser tous les soins de santé prescrits. Et ce sans aucune distinction, aussi bien les équipements optiques que les appareils auditifs ou dentaires, etc. Cette prise en charge totale des soins prescrits serait rendue possible, selon le candidat de La France insoumise, par la mise en place de ce qu'il appelle une "Sécurité sociale intégrale". Intégrale parce qu'elle verrait le jour après la dissolution des complémentaires santé privées. S’inspirant du régime local d’Alsace-Moselle (où, rappelons-le, la quasi-totalité des soins médicaux sont couverts par l’Assurance maladie), il envisage de transposer un tel système à l'échelle nationale. Quid du personnel des mutuelles qui disparaitraient ? Il serait réaffecté à la Sécurité sociale. Dans l'idée de l'eurodéputé, le financement sera viable car abondé à la fois par les économies de gestion sur les complémentaires (entre 6 et 10 milliards d’euros) mais aussi la fin des allègements fiscaux (de l'ordre d'environ 3 milliards d’euros) liés à la souscription d'une complémentaire.

Pour finir, signalons que Yannick Jadot a également été amené à s'exprimer sur le sujet de l'optique. À la différence de ses concurrents, le candidat d’Europe Écologie les Verts ne s'engage pas sur le remboursement intégral des frais d’optique, une mesure qui lui semble surtout électoraliste. "Moi je suis pour le remboursement, évidemment, des frais d’optique. Mais on a dans notre pays des frais d’optique beaucoup plus élevés que dans d’autres pays. Donc il ne suffit pas seulement d’être généreux et solidaires avec l'ensemble des Français. Il faut surtout construire des frais de santé qui soient justes pour les entreprises mais aussi pour les patients", a-t-il déclaré hier dans l'émission matinale Les 4 vérités. Pour le candidat écologiste, c'est d'abord le prix des équipements optiques qui doit être revu à la baisse. Autrement dit, il serait visiblement partisan d'un encadrement plus marqué des tarifs pratiqués par la distribution : "Il faut avoir le courage de se cogner les lobbys de l'optique", a-t-il vertement assumé à cette occasion.

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