Krys Group publie la 2e édition de l’Observatoire de la Vue créé en 2011. Cette étude, réalisée par Ipsos, a été menée auprès du grand public, mais également auprès des ophtalmologistes. Un double regard qui permet d’établir un état de la santé oculaire des Français.

Dans la 2ème édition de l'Observatoire de la Vue que réalise l'institut Ipsos pour Krys Group, il y a matière à réflexion et des chiffres à foison. Et d'abord parce que cette enquête, conduite en juillet, croise les regards des Français avec ceux des ophtalmologistes sur des questions de fond qui touchent l'organisation de la filière visuelle. Parmi les principaux enseignements de cet Observatoire : le sentiment manifeste d'un risque de déclin en matière de santé oculaire. Les ophtalmologistes se montrent en effet alarmistes sur l’évolution de la santé oculaire des Français. 66% disent que depuis le début de la crise économique, ils sont confrontés à des patients retardant de plus en plus le moment de changer de lunettes. Ils estiment en moyenne à 12% le nombre de leurs patients qui risquent de rencontrer des problèmes graves en raison d’un suivi insuffisant de leur santé oculaire. Une majorité des ophtalmologistes (58%) considère ainsi que la qualité du suivi oculaire des Français va se détériorer dans les années à venir.

Côté grand public, les personnes sondées témoignent d'un manque de disponibilité des ophtalmologistes. L’ophtalmologiste est le professionnel de santé le moins fréquemment consulté, avancent les auteurs de l'étude. Par comparaison, 29% des Français le voient au moins une fois par an, alors que 60% voient leur dentiste. Parallèlement, souligne l'Observatoire, il faut noter que les ophtalmologistes constatent une surconsommation de consultations de la part d’une catégorie de population : 94% des patients qui consultent au moins une fois par an ont moins de 40 ans (contre 36% pour les 60 ans et plus). Au plan de la prise de rendez-vous, 43% des Français estiment qu’il est difficile d’obtenir une consultation avec un ophtalmologiste. C’est beaucoup plus qu’en Allemagne (20%) ou en Grande-Bretagne (4%). Cette nette différence, les auteurs de l'étude l'expliquent notamment "par le fait que dans ces deux pays, contrairement à la France, il existe une délégation de soin : l’examen de vue peut s’effectuer en magasin".

À ce propos, la collaboration entre opticiens et ophtalmologistes peut-elle être une solution au désengorgement des cabinets ? La question a été posée aux sondés, histoire de savoir s'ils veulent voir, ou non, renforcer le rôle des opticiens dans la chaîne des soins visuels. "Avec 86% d’opinions positives, les opticiens bénéficient d’une très bonne image auprès des Français. En Allemagne et en Angleterre, ce chiffre passe respectivement à 96 et 94%. 80% des porteurs de lunettes se disent très satisfaits des services des opticiens sur l’ensemble des critères soumis", détaillent les auteurs de l'étude, qui émettent cependant un bémol : "Seul le prix donne un peu moins satisfaction". D'autre part, les ophtalmologistes soulignent le rôle important des opticiens dans la chaîne de suivi de santé oculaire des Français (87% estiment qu’ils jouent un rôle essentiel ou important). Et à en croire l'Observatoire, "ils seraient davantage prêts à accepter des prérogatives étendues aux opticiens (par exemple pour déterminer eux-mêmes le besoin de correction de leurs clients et le choix des verres en conséquence) si ces derniers respectaient un certain nombre de conditions (une charte déontologique, une formation spécifique, etc.)".

Autre volet abordé par l'Observatoire : la place de l’optique dans le système de santé publique. Faut-il sanctuariser la part prise en charge par la Sécurité Sociale ? "Les problèmes d’accessibilité aux soins perçus par les Français sont tels que le déremboursement par la Sécurité Sociale des lunettes de vue est massivement rejeté par l’opinion ; 91% des Français trouveraient choquant que la Sécurité Sociale ne rembourse plus du tout les montures et les verres de vue. Pour eux, même si les niveaux de remboursement sont faibles, les équipements de vue sont un sujet de santé publique majeur dont la Sécurité Sociale ne peut se désengager", peut-on lire dans l'enquête. De leur côté, les ophtalmologistes constatent que les patients leur posent davantage de questions sur la manière dont les lunettes ou les lentilles sont remboursées (59%).

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