La Mutualité Française propose d’avancer la mise en place de la réforme du reste-à-charge zéro à 2019. Une preuve de bonne volonté en réponse aux récentes déclarations de la ministre de la Santé dénonçant un « sabotage politique » de la réforme ?

Visiblement, la récente sortie d’Agnès Buzyn sur les Ocam n’a toujours pas été digérée. La réunion de mardi matin entre la ministre de la Santé et les complémentaires n’aura sans doute pas suffi à apaiser certaines tensions. « Sous le feu de critiques excessives, la Mutualité Française a fait preuve de retenue face à l’expression de ‘sabotage politique’. Elle demande, au contraire, l’accélération de la réforme du RAC 0 », explique ce jour Thierry Beaudet, son président, dans un communiqué. Aujourd’hui, c’est bien l’absence de réforme qui pèse sur le pouvoir d’achat des Français », assure le porte-voix de la Mutualité. Faut-il voir dans cette prise de position aujourd’hui une preuve de bonne volonté à un moment où les relations entre le gouvernement et les complémentaires se sont tendues ? On dirait bien. « Les mutuelles appellent l’ensemble des acteurs concernés – les pouvoirs publics, l’assurance-maladie, les complémentaires et les professionnels de santé – à se mobiliser pour répondre à cet enjeu. Naturellement, les établissements mutualistes (opticiens, dentistes, audioprothésistes) s’y inscriraient et proposeraient les paniers de soins à reste-à-charge zéro », souhaite-t-on du côté de la Mutualité Française. Concrètement, il s’agirait donc de revoir le calendrier prévu, les mutuelles proposant le déploiement de l’ensemble du dispositif dès le second semestre 2019, et non d’ici 2021, comme prévu initialement.

Par ailleurs, en 2019, « afin de faciliter l’accès aux soins de tous, les mutuelles s’engagent à un effort de solidarité exceptionnel pour neutraliser la hausse des tarifs des contrats souscrits le plus souvent par les plus modestes (dits ‘contrats au ticket modérateur’), via un mécanisme de compensation. 4,3 millions de personnes protégées par une mutuelle pourront ainsi en bénéficier. Cet effort pourrait être amplifié par une baisse des taxes qui pèsent trop lourdement sur les contrats santé des Français (14,07 %) », annonce la Mutualité Française, dans le prolongement évident de la rencontre avec le Président de la République. Mardi après-midi, lors d'une table-ronde avec le secteur assurantiel, le chef de l’État a en effet demandé des mesures concrètes pour préserver le pouvoir d’achat des Français.

Enfin, et toujours pas voie de communiqué, la Mutualité regrette que « la santé soit la grande oubliée du débat national lancé par le gouvernement ». Il est vrai que lors de l’allocution présidentielle du 10 décembre en réponse à la crise des gilets jaunes, nulle mention n’a été faite de la place de la santé dans la grande « concertation » à venir. Le grand débat national donnera la parole aux Français sur quatre questions majeures - la transition écologique, la fiscalité, la démocratie et la citoyenneté, l'organisation de l'État et des services publics -, faisant effectivement l’impasse sur la santé. Pour compenser cette absence, « les mutualistes prendront l’initiative d’aller au contact des 36 millions d’adhérents qu’ils protègent et des citoyens qui le souhaitent afin d’en débattre avec eux. »

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