Comment Alain Gerbel, le président de la Fédération nationale des opticiens de France, aborde-t-il la feuille de route de la ministre de la santé ? Les termes des négociations prévues à la rentrée lui conviennent-ils ? Quelles sont ses priorités ? Il répond à nos questions.

En septembre prochain, Agnès Buzyn, la ministre de la santé, rencontrera les syndicats d'opticiens pour aborder notamment le très médiatique dossier de la prise en charge des équipements optiques. Comme nous vous l'annoncions vendredi, Alain Gerbel nous a fait part de son approche des problématiques au menu du ministère de la santé. Ses vues divergent avec celles défendues par André Balbi au nom du Rassemblement des Opticiens Français. À discuter avec le président de la FNOF, on comprend assez vite qu'il n'entend pas se situer en effet sur le même plan que le ROF. "Les premiers contacts avec le ministère ne nous permettent pas de dire pour l'instant ce que veut précisément le gouvernement. Certes il y a de grandes orientations annoncées, mais rien, en l'état, n'est défini. Les termes du débat sur le reste-à-charge zéro et le remboursement à 100 % sont loin d'être clairs. Et 100 % de quoi d'abord ? ", fait d'emblée observer Alain Gerbel qui tient tout de suite à préciser ceci : "Avant toutes choses, il faut dissocier ces deux questions, reste-à-charge zéro et remboursement à 100 %, que certains tendent à confondre comme si c'était une seule et même notion. Les amalgamer serait une erreur".

Cette distinction posée, le propos d'Alain Gerbel cible alors plus précisément le reste-à-charge zéro : "S'il s'agit de se positionner sur ce sujet, la FNOF est contre. Pourquoi ? Parce que le reste-à-charge zéro est défendu par ceux qui ne veulent pas que le modèle économique change. En réalité, le zéro reste-à-charge est le signe d'un modèle à bout de souffle qui cherche désespérément à se survivre à lui-même. C'est une vision passéiste du métier d'opticien. Pour le dire autrement, le reste-à-charge zéro c'est la négation de la prestation individualisée fournie par l'opticien, tout ce pour quoi la Fnof s'est battue ces derniers temps en faisant advenir le nouveau devis. Un devis, j'y insiste, qui n'est pas formaté mais personnalisé". Pour ceux des opticiens qui ne saisiraient peut-être pas immédiatement le lien entre zéro reste-à-charge et prestation de santé, le porte-voix de la FNOF précise sa pensée : " Si on se place dans la seule logique du zéro reste-à-charge, les opticiens n'arriveront pas à se différencier. Or c'est bien cela que leur permet la prestation de santé : chacun doit pouvoir définir ce qu'il met sous cette notion pour valoriser son propre savoir-faire et se démarquer". À écouter M. Gerbel, "on se trompe donc de sujet à vouloir se focaliser sur le zéro reste-à-charge. Le vrai sujet, celui qui engage l'avenir de la profession, le métier d'opticien c'est bel et bien celui de la prestation. C'est là que se situera en priorité mon action".

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