Le 10e baromètre Ipsos pour le Secours populaire fait état d'un sentiment de précarité médicale grandissant en France. Les plus modestes continuent de se priver de soins optiques, dentaires ainsi qu'en audioprothèse.

Retarder ou, pire, renoncer à l'achat de lunettes reste une réalité pour de nombreux Français. De plus en plus, même, montre le 10e baromètre Ipsos* pour le Secours populaire, qui enregistre un sentiment grandissant de précarité médicale. De façon générale, la santé est un poste sur lequel les Français font encore trop souvent l'impasse faute de ressources financières suffisantes. À commencer par les plus modestes, ces ménages dont le revenu mensuel net est inférieur à 1 200 euros. 36 % des personnes interrogées - 64 % pour les foyers les plus fragiles - déclarent avoir des problèmes au moment de payer des actes médicaux mal pris en charge par la Sécu. Plus précisément, 30 % ont dû retarder de plusieurs mois l'acquisition d'un équipement correcteur, lunettes ou de lentilles. "Il faut rappeler qu’en France, on ne renonce pas à se soigner en cas d’accident, d’urgence, ou face à un cancer, explique l'économiste de la santé Claude Le Pen, dans les colonnes de notre confrère La Croix qui fait état de ce sondage. Le renoncement au soin concerne surtout l’optique, les soins dentaires et les audioprothèses. Ces soins traditionnellement mal remboursés sont au fil du temps devenus prioritaires et y renoncer est douloureusement ressenti". Une situation d'autant plus étonnante quand on sait qu'il existe diverses aides financières - aide au paiement d’une complémentaire santé (ACS), couverture maladie universelle (CMU) - et des offres optiques d'entrée de gamme dont le positionnement tarifaire est très accessible… Toutefois, Claude Le Pen semble nuancer les résultats de cet enquête en soulignant la mise en place de différentes solutions en optique, "grâce notamment aux accords entre les complémentaires et les opticiens, l’instauration de remboursement minimum et d’une complémentaire obligatoire. Peut-être les patients n’en ont-ils pas encore conscience. En revanche, il est certain que des avancées similaires doivent encore être réalisées pour les soins dentaires et les audioprothèses".

* Enquête menée auprès de 1 000 Français âgés de 15 ans et plus interrogés par téléphone du 11 au 15 juillet 2016.

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