Dans une tribune libre, Atol, par la voix de son PDG Éric Plat, pointe les paradoxes, effets contreproductifs et non-sens du 100 % Santé, quinze mois après son entrée en application.

Éric Plat, le PDG de l’enseigne Atol, signe une tribune dans laquelle il se penche sur le dispositif 100 % Santé, en vigueur depuis plus d’un an. Avec le recul de l’année 2020, il déclare d’emblée que « cette réforme, censée révolutionner et faciliter l’accès aux soins de qualité sans reste à charge pour l’ensemble des Français est, certes, louable dans son intention mais s’avère à l’usage très préoccupante. D’une part pour la filière optique, car elle affaiblit ses capacités d’investissement et d’innovation dans un contexte de Made in France et de plan de relance. D’autre part, pour le consommateur qui n’a plus d’autre choix que de se conformer à ce qui lui est imposé ». Parmi les arguments qu’il développe, M. Plat revient sur le modèle économique qui sous-tend l’existence du 100 % Santé : « La réforme 100 % Santé a pour effet mécanique de créer une standardisation des prix qui génère la déflation et fragilise les opticiens positionnés en moyen et haut de gamme, contraints de revoir toutes leurs offres pour répondre aux critères RAC 0. Pour y parvenir, il est vraisemblable que nombre d’entre eux seront tentés de s’approvisionner à l’étranger, notamment en Chine, avec des produits moins coûteux mais aussi, sans doute, de moindre qualité ».

Pareille situation est donc contreproductive selon M. Plat, à l’heure où la France doit répondre à des problématiques écologiques et industrielles : « Ce n’est certainement pas le résultat auquel souhaitait aboutir le gouvernement, en plein débat sur la loi climat et qui par ailleurs travaille à la relocalisation de nos industries. Pourquoi tirer vers le bas la production et, au passage, aggraver notre bilan carbone, alors que nous avons la capacité de concevoir et fabriquer en France des lunettes de qualité qui répondent aux besoins de tous les consommateurs qui recherchent de plus en plus des produits sophistiqués ? »

La tribune fait d’autre part état de la possible mise en place, par l’État, d’un quota en matière de 100 % Santé. « Plutôt que d’inviter les professionnels de la santé visuelle à dresser de nouvelles perspectives constructives, le gouvernement envisage de fixer un quota aux opticiens pour imposer le 100 % Santé à 20 % des Français, en plus des 6 % de CMU. Imaginez-vous dans un supermarché vous voir refuser l’accès à certains linéaires parce qu’un décret imposerait qu’un quart de la population doit désormais s’alimenter en produits discount ? Au nom de quoi l’Etat français peut-il priver certains consommateurs d’acheter des produits de bien-être visuel et des options de confort ? », interroge le président d’Atol qui juge que l’application d’un tel quota serait « liberticide ».

Ce projet de quota est aussi l’occasion pour M. Plat de s’arrêter sur le défaut structurel du dispositif actuel : « À ceux qui pensent maintenant que cette réforme se préoccupe avant tout de la santé visuelle des plus fragiles, il faut rappeler qu’au contraire elle manque sa cible en excluant 3,5 millions de Français sans complémentaire santé qui n’y ont pas droit ! Les opticiens et les industriels proposaient déjà des produits accessibles et en expliquaient le bénéfice et le coût à une population pas toujours disposée à accepter que les tarifs des mutuelles augmentent quand les remboursements hors 100 % Santé baissent ! », pointe-t-il.

Enfin, évoquant comme d'autres l’action en cours de la DGCCRF pour contrôler la bonne application du dispositif dans les points de vente, M. Plat juge que c’est « un non-sens de dire que la réforme n’a pas atteint son objectif dans l’optique puisqu’elle concerne environ 2,3 millions de personnes déjà » pour la seule année 2020. Et d’affirmer que « les opticiens ont été en première ligne pour guider les Français en véritables ambassadeurs, voire médiateurs du dispositif », dans un contexte pourtant chaotique en raison de la crise sanitaire.

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