Alors que le dossier du 100 % Santé revient sur le devant de la scène, comment les syndicats d’opticiens considèrent-ils la situation plus d'un an après son entrée en vigueur ?

Avec plus d’un an de recul sur sa mise en oeuvre, l’heure est à un premier bilan sur le 100 % Santé, aussi bien du côté de l’État et des associations de patients que du côté des syndicats professionnels. Dans un communiqué publié vendredi, le Rassemblement des opticiens de France (ROF) conteste vivement « une petite musique entretenue sur le thème : ‘les opticiens dénigrent auprès des Français le 100 % Santé’ ». Pour l’organisation syndicale, il ne fait aucun doute que les opticiens font le job au quotidien, comme en témoignent les chiffres au bout d’un an d’entrée en application de la loi : « Avec un taux de délivrance de 18 % en 2020, année plus que chaotique, le 100 % Santé a trouvé sa clientèle et cela grâce à l’engagement des opticiens dans la promotion du dispositif. » Et de souligner qu’en dépit d’un « contexte chaotique », la profession a délivré 2,5 millions d’équipements 100 % Santé, signe que « les opticiens ont parfaitement rempli leur mission ». Et même d’autant mieux remplie, insiste le ROF, qu’ « aucune campagne nationale d’information du gouvernement » sur ce dispositif n’a été réalisée. Manière de dire que ce sont les opticiens, et eux seuls, qui ont fait la pédagogie d’un dispositif que l'État s'était pourtant engagé à promouvoir activement...

L’appréciation de la situation par la Fédération nationale des opticiens de France (FNOF) n’est pas exactement la même. « Les résultats du 100 % Santé en optique sont très faibles. Plus de 90 % des personnes qui ont eu recours à ce dispositif sont des anciens CMU. Compte tenu des règles de délivrance et de renouvellement, il faut donc s’attendre à une baisse très importante du nombre de bénéficiaires du panier A si aucun changement n’est apporté. C’est ce que j’ai expliqué à Madame la Ministre (de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin_ndlr) : les chiffres à venir seront certainement mauvais, et ce ne sera pas de la responsabilité des opticiens », explique Alain Gerbel, le président de la ‘Fédé’, dans une newsletter envoyée à ses membres vendredi dernier. Pourquoi le démarrage du 100 % Santé est-il, selon la FNOF, « mauvais » ? « Depuis le début, j’avais averti les services du Ministre de la santé ainsi que l’Elysée sur le fait que cette offre était mal positionnée, qu’elle ne correspondait pas à un réel besoin, que toutes les mesures qui avaient fait le succès de la CMU en optique étaient supprimées. Personne ne se rappelle que dans le panier de soins CMU qui couvrait le dentaire, l’audio et l’optique, la seule mesure plébiscitée par les bénéficiaires CMU était la mesure concernant l’optique », recontextualise le syndicaliste. Pour lui, il y a urgence à repositionner le panier de soins optiques. Comment ?  « Une des mesures qui doit être supprimée est cette obligation d’avoir un présentoir pour les lunettes 100 % Santé. C’est une mesure insultante pour les opticiens et stigmatisante pour le consommateur. Car le gros problème du ‘100 %’ en général est qu’il est perçu comme une mesure à caractère social, bas de gamme, et non pas comme une mesure à caractère national accessible à tous. »

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