La mise en place du devis normalisé continue de faire polémique. Critiqué par le Rassemblement des Opticiens de France (ROF), qui estime qu’il complexifie la relation avec le client, la Fédération nationale des opticiens de France (FNOF) pense au contraire qu’il crédibilise l’opticien, prestations tarifées à l’appui, dans son rôle de professionnel de santé.

Pédagogie, pédagogie, pédagogie. Dès qu’il en a l’occasion, le président de la FNOF persiste et signe, fidèle à son style offensif : « Contrairement à ce que l’on entend du côté du ROF, le futur devis n’est pas le problème, c’est au contraire la solution. Il faut bien comprendre que le devis normalisé va ouvrir aux opticiens de nouvelles perspectives. Là se joue en partie l’avenir de la profession, son émancipation ». Ce nouveau devis, promu par le syndicat dès l’origine de sa rédaction, Alain Gerbel tente de l’imposer dans les esprits depuis plusieurs mois, pied à pied contre le ROF qui n’en veut pas en l’état. Lors du congrès de la FNOF à Biarritz le week-end dernier, le sujet a évidemment été au coeur des débats avec la centaine d’opticiens présents. Joint par téléphone mercredi, Alain Gerbel défend mordicus la philosophie de ce nouveau devis : « Il s’agit, redisons-le encore et encore, de faire évoluer les mentalités et le cadre d’exercice du métier. Parce que le devis ouvre la voie de la reconnaissance de la prestation et, au-delà, de la reconnaissance pleine et entière de l’opticien de santé ». Toutefois, les clients ne risquent-ils pas d’être décontenancés par ce nouveau format de devis, comme le laissait récemment entendre le ROF ? Bien au contraire, estime Alain Gerbel : « Aujourd’hui, une séparation s’impose entre prestation et produit. Et ce justement pour faire toute la transparence sur le prix et la traçabilité du produit mais aussi pour offrir à chaque opticien le moyen de valoriser clairement, en les précisant, ses propres prestations. Puisqu’on reproche souvent aux opticiens de cultiver une certaine opacité, eh bien là, tout est annoncé, affiché, détaillé ».

Par ailleurs, que répond le syndicaliste au ROF qui s’inquiète de voir augmenter le reste-à-charge des porteurs ? Alain Gerbel assume : « Il est normal que nos prestations - réfraction, adaptations de lentilles, etc. - soient justement rémunérées. Je signale d’ailleurs que bien des opticiens facturent depuis des années les prestations de ce type sans pour autant avoir perdu de clients ». En disant cela, M. Gerbel rouvre un vieux débat qui porte sur la notion de gratuité et surtout sur la confusion qu’il y a, dans l’esprit du consommateur, entre services effectués gracieusement (remplacement d’une plaquette perdue, resserrage d’une charnière…)  et soins proprement dits. Et les complémentaires santé, rembourseront-elles ces prestations annoncées dans le devis ? Là encore le ROF s’interroge, doutant qu’elles le fassent. Alain Gerbel, lui, tient à distinguer deux choses : « D’un côté nous avons les prestations préalables à la délivrance et de l’autre les prestations liées à la délivrance : le distinguo a été fait pour le cas où il n’y a pas délivrance d’un équipement et où des prestations pourraient être néanmoins facturées par l’opticien mais bien entendu non prises en charge par les OCAM puisque les OCAM ne sont tenus de prendre en charge les prestations que dans le cadre de la délivrance d’un équipement. Cette rédaction fait la différence entre la primo délivrance et le renouvellement. Dans ce dernier cas, l’opticien est tenu de réaliser des prestations particulières dont la réfraction. C’est pourquoi ce texte a été ainsi rédigé. Donc, dès lors qu’il y a délivrance d’un équipement, toutes les prestations devront être prises en charge. En cas de non délivrance, les prestations réalisées ne seront pas prises en charge ».

Enfin, Alain Gerbel souhaite-t-il que le nouveau devis entre en vigueur dès le 1er janvier 2018, comme cela est normalement prévu ? Il conçoit que sa mise en place concrète nécessite encore des préparatifs : « Donnons-nous quelques mois supplémentaires pour finaliser le contenu détaillé et la présentation des prestations. L’arrêté de 1996 instituant le devis a été modifié en 1997. On pourra toujours modifier le nouvel arrêté au besoin. Il ne faut pas jouer avec les peurs ». Pour l’instant, précisons-le, ce report de la date d’entrée en vigueur demandé par la FNOF n’a pas encore été acté par l’administration. Selon nos informations, une décision ministérielle pourrait intervenir à ce propos, pour ou contre l'ajournement, sous deux à trois semaines.

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