Globalement, accéder à un ophtalmologiste dans des délais raisonnables et à des tarifs encadrés reste toujours difficile, constate une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees).

Il y a deux semaines, l'UFC-Que Choisir déplorait une "aggravation de la fracture sanitaire" constatant, enquête à l'appui, qu'un tiers des Français au moins rencontre de sérieuses difficultés à accéder à certaines spécialités médicales, dont l'ophtalmologie. La situation est pire encore pour ceux des Français qui se refusent à envisager des dépassements d'honoraires : "Dès lors qu'ils souhaitent se soigner au tarif de la Sécurité sociale (donc recourir à un ophta conventionné en secteur 1_ndlr), ce sont plus de 8 Français sur 10 qui manquent de spécialistes de la vue à moins de 45 minutes de leur domicile", s'alarme l'association de consommateurs. Confirmation, aujourd'hui, avec une nouvelle étude, que l'on doit cette fois à la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees). Compilées et mises en perspective par Noémie Vergier, ces nouvelles données font état d'une accentuation, entre 2010 et 2013, des inégalités d'accessibilité géographique aux professionnels de santé libéraux. Retenons qu'en moyenne il y avait 6 ophtalmologistes pour 100 000 habitants en 2013, alors qu'il était 7 % de plus trois ans plus tôt, en 2010. Et ça ne devrait pas s'arranger compte tenu de l'annonce du gouvernement ces jours-ci de revoir à la baisse le nombre d'internes en ophtalmologie : 149 postes pour la rentrée 2016, soit 10 de moins par rapport à l’année précédente. Thierry Bour, Président du Syndicat National des Ophtalmologistes de France (SNOF), réagissant hier : "Comment comprendre cette décision contre-productive pour l’accès aux soins des patients et en totale incohérence avec le travail mené jusqu’à aujourd’hui pour réduire les délais d’attente ? La délégation de tâches auprès des orthoptistes, modèle que nous déployons de manière volontariste sur l’ensemble du territoire pour optimiser les parcours de soins et mieux répondre aux besoins, n’a de sens que si elle est combinée à un renouvellement des effectifs de médecins ophtalmologistes."

Si, pour en revenir à l'étude de la Drees, les disparités géographiques ont tendance à être de plus en plus marquées au fil des années, l'accessibilité à des tarifs conventionnés fait elle aussi problème. Le cas de Paris illustre particulièrement cette situation avec à peine 23 % d'ophtalmologistes en secteur 1. L'étude portant sur la période 2010-2013, on ne sait pas ce qu'il en est des dernières années. Rappelons en effet que c'est début 2013 que Marisol Touraine a lancé un dispositif incitant les spécialistes à modérer leurs tarifs dans le cadre du "contrat d'accès aux soins". Au centre de ce dispositif, il y a un échange donnant-donnant : les praticiens s'engagent à modérer leurs tarifs moyennant quoi ils peuvent bénéficier d'une baisse des charges sociales. Fin 2015, dans les dix plus grandes villes de France, moins de 10 % seulement jouait le jeu...

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