C'était la question posée dans Europe 1 Midi aujourd'hui lors d'un débat - houleux - entre le directeur général délégué de la coopérative Atol, Philippe Peyrard, et Pascal Perri, auteur d'un livre qui charge le secteur de l'optique.

Entre Philippe Peyrard, le directeur général délégué d'Atol, et Pascal Perri, signataire de Rien que pour vos Yeux, un livre sorti ces jours-ci en librairie qui prétend enquêter sur le secteur de l'optique, le débat s'annonçait vif. Il l'a bien été. Au micro d'Europe 1, les deux hommes ont vigoureusement fait valoir leurs arguments. Présenté comme un économiste, Pascal Perri a commencé son intervention en parlant d'un "secteur très concentré" caractérisé selon lui par "un abus de position dominante". D'après lui, le marché de la distribution optique français est en situation monopolistique du fait du poids important que représentent Essilor et les cinq grandes enseignes leader. Une aberration pour Philippe Peyrard, qui déplore de son côté de "graves accusations et des éléments infondés et mal documentés". Il a immédiatement répliqué en invitant à regarder l'Allemagne et l'Angleterre, deux pays, a-t-il tenu à souligner, où la distribution est pour le coup bien plus concentrée que dans l'Hexagone.

Autre grief que M. Perri formule à l'encontre du secteur : il y a selon lui trop de magasins en France. Pour lui, cette densité génère de la surenchère : "Un marché surcapacitaire produit toujours de l'inflation", note-t-il. En clair, pour que le réseau de distribution optique tourne il y aurait une tentation de pratiquer des prix élevés. "Je voudrais que ce marché soit apuré", a alors déclaré M. Perri. Également présent dans cette émission pour y apporter un point de vue complémentaire, Gilles Renard, directeur administratif de la SFO, a dit s'inquiéter pour sa part de cette "prolifération des boutiques d'optique". S'il a refusé de se prononcer sur la présumée cherté des équipements vendus, il estime en revanche clairement que cette démographie est "un vrai problème" et souhaite voir évoluer la formation minimale requise des opticiens vers un système universitaire plus exigeant et plus long. Sous-entendu : pour limiter de facto l'accès à cette profession. Reprenant la parole, Philippe Peyrard a quant à lui tenu à détailler très précisément comment se ventile le prix d'un produit pour conclure que seulement 4% du prix de vente d'un équipement constitue la marge réelle de l'opticien.

Pascal Perri a par ailleurs mis en cause la "prétendue gratuité" des équipements "offerts" au titre de la 2ème voire de la 3ème paire. "Je me méfie toujours de ce qui apparaît comme gratuit", lâche-t-il. Dans son esprit, les opérations de ce type  sont des indices que le premier équipement est surpayé pour compenser. Le débat entre les deux hommes s'est terminé sur la question de la vente en ligne. M. Perri a semblé se féliciter de l'existence de ce canal de vente en estimant qu'il facilitait l'accès à des équipements moins coûteux. Un argument sans pertinence, a répliqué de son côté M. Peyrard qui a, lui, rappelé que certaines offres en magasins étaient en réalité bien moins chères que sur Internet. 

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