"Arguments fallacieux et démagogiques". L'Union des Opticiens dénonce vivement la position des partisans du maintien de l'obligation d'ordonnance. Et s'inquiète de potentielles conséquences économiques.

"On ne va pas en rester là", nous avait prévenus Catherine de la Boulaye (photo), mercredi, suite à l'annonce, la veille, de la suppression de l’article 11 quater C qui entraîne de facto le maintien de l’obligation d’ordonnance pour la délivrance de lunettes dans le cadre de l’examen du projet de loi dit Macron. La réaction de la présidente de l'Union des Opticiens intervient aujourd'hui par voie de communiqué. La décision de la Commission spéciale de l'Assemblée nationale qui, rappelons-le, a intégré in extremis un amendement du gouvernement, mécontente profondément le syndicat d'opticiens. "Certains amendements ont été soutenus sans recul sur la base d’arguments fallacieux et démagogiques, tel celui laissant entendre que des enfants de 5 ans pourraient obtenir des verres correcteurs sans voir au préalable un médecin ! Le débat est ainsi pris en otage par des intérêts catégoriels au détriment de la santé visuelle des Français et de l’activité de la filière optique", s'agace la représentante de l'UDO dans une allusion à peine voilée à certaines déclarations du syndicat des ophtalmos. "Dans un esprit de responsabilité et de bon sens, l’Union des Opticiens reste donc en faveur d’un retour à la situation qui a prévalu de 1945 à 2014, c’est-à-dire à la possibilité de délivrer des lunettes sans ordonnance à toute personne âgée de plus de 16 ans, et demande aux pouvoirs publics de faire preuve de courage en soutenant la suppression de la prescription", soutient Catherine de la Boulaye. Et la présidente de l’Union des Opticiens d'insister sur le fait qu'aucun risque scientifiquement fondé n’a jamais été rapporté et aucun accident sanitaire n’est jamais survenu suite à la délivrance de lunettes sans ordonnance.

La porte-parole de l'UDO persiste et signe quant aux conséquences multiples qui, selon elle, vont découler du maintien de la prescription obligatoire. Outre l'encombrement supplémentaire des cabinets d'ophtalmologie et l'allongement du délai pour obtenir un rendez-vous, deux points qu'elle a déjà évoqués à plusieurs reprises ces dernières semaines, Catherine de la Boulaye s'inquiète de l'impact potentiel du maintien de l'ordonnance sur l'emploi. Après avoir rappelé que la vente de lunettes sans ordonnance aux personnes de plus de 16 ans représente autour de 10% du chiffre d’affaires du secteur, elle s'interroge sur la situation de possible fragilisation de certains opticiens plus concernés que d'autres : "Alors que de nombreuses boutiques d’optique implantées en zones touristiques et frontalières réalisent une part importante de leur chiffre d’affaires grâce à la vente de lunettes à des touristes et à des étrangers, il serait contradictoire de permettre l’ouverture de ces boutiques le dimanche tout en les empêchant de pratiquer leur activité du fait de l’obligation d’ordonnance", développe Mme de la Boulaye. Et d'estimer que "dans ces conditions, le maintien de l’obligation de prescription menacera à terme près de 2 400 emplois". 

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