Suivant le Sénat, la Commission Spéciale de l’Assemblée Nationale se prononce pour la suppression de l'obligation de présenter une ordonnance pour réaliser des lunettes. Au grand dam des ophtalmos...

Introduite par la loi Hamon en 2014, l'obligation de présenter une ordonnance pour faire des lunettes semble en passe d'être définitivement supprimée. C'est en tout cas en ce sens que s'est exprimée la Commission Spéciale de l’Assemblée Nationale qui examine le projet de loi dit Macron. Elle confirme ainsi un amendement porté par le Sénat. On peut même dire qu'elle va encore plus loin que les sénateurs puisque la commission en question recommande également de supprimer toute notion de validité d'une prescription dans le temps*. En attendant de savoir si les députés vont à leur tour acter ces choix (ils examineront le projet de loi en séance du 16 au 24 juin prochain), le syndicat des ophtalmologistes voit rouge. "On assiste à une démédicalisation totale de la filière visuelle", tonne, indigné et catastrophé, Thierry Bour, président du Syndicat National des Ophtalmologistes de France. Il explique à nouveau les raisons de son mécontentement : "La Commission Spéciale créée pour l’examen de ce projet de loi vient de confirmer la suppression de l’obligation d’ordonnance lors de l’achat de lunettes, ouvrant la voie, pour les opticiens, à la prescription-vente de dispositifs oculaires à des enfants de moins de 16 ans sans que ces derniers n’aient jamais vu de médecin. Pire : en supprimant également du code de la Santé Publique toute mention relative à une 'durée maximum de validité' des ordonnances de lunettes, l’amendement porté par Richard Ferrand (rapporteur du texte_ndlr) vient de porter le coup de grâce au système de santé oculaire français". 

"Si la loi Macron est votée en l'état, pronostique M. Bour, c’est la fin de la prévention oculaire. La plupart des glaucomes ne seront plus dépistés à temps et les opticiens pourront prescrire des lunettes à un enfant de 5 ans n'ayant jamais vu d'ophtalmo. On va vers une catastrophe sanitaire sans précédent !". Le SNOF demande donc aux députés de rétablir l’obligation d’ordonnance pour les lunettes et de réintroduire la notion de durée maximale de validité des ordonnances, arguant assez logiquement qu'une "ordonnance valable 'à vie' n’a pas de sens lorsqu’on parle d’un élément aussi sensible et évolutif que la vue des patients". Et le porte-voix des ophtalmos de continuer, toujours aussi indigné : "Au prétexte fallacieux de favoriser la vente de lunettes aux touristes, la loi Macron va mettre un terme au dépistage ophtalmologique de l’ensemble de la population Française – en particulier chez les enfants !". En dénonçant l'argument "touristique", le SNOF envoie une pique à l'Union des Opticiens (UDO) qui l'a fait valoir à plusieurs reprises. Sur toutes ces questions, le SNOF revendique d'ailleurs l'appui de la Fédération nationale des opticiens, le syndicat majoritaire qui, lui, s'est prononcé, au contraire de l'UDO, pour un maintien ou un rétablissement de l’obligation d’ordonnance.

* Une précision tout de même : le remboursement des lunettes reste, lui, subordonné à l'existence d'une prescription valide.

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