Dans une lettre ouverte au Président de la République, un opticien de Rouen laisse exploser son exaspération. Règlementation de la profession, pression fiscale, poids des réseaux de soins, précarité des commerçants… il dénonce un "acharnement sur les opticiens".

Opticien à Rouen, Baptiste Jacquemart se présente comme un "opticien normal". Ces derniers temps, il s'est fait connaître à travers une série de vidéos qui évoquent avec causticité la situation des opticiens. Il y a quelques jours, il a pris sa plume pour écrire une lettre ouverte au Président de la République. Pourquoi ce geste ? Parce que "cela fait un moment que l’inquiétude grandit dans mon domaine d’activité", commence par dire Baptiste Jacquemart. "Voilà maintenant deux ans et demi que vous êtes à la tête de la France et que vous n’avez de cesse de vous acharner sur les professionnels de santé, et plus particulièrement sur les opticiens. Qu’avons-nous bien pu vous faire pour mériter un tel lynchage public ? Les différentes mesures appliquées par votre gouvernement concernant la règlementation de notre profession sont terriblement liberticides pour nos clients et pour nous-mêmes. Sans doute, figurent parmi vos amis des dirigeants d’assurances ou de mutuelles qui voient d’un très bon œil le développement des réseaux de soins, et, au nom du pouvoir d’achat des Français, vous généralisez ce système. Je vous rappelle qu’un client qui souhaiterait faire des lunettes dans mon magasin sera moins remboursé que chez un opticien partenaire, alors qu’il a cotisé le même montant. Nous marchons sur la tête, un client qui cotise normalement n’a pas droit à son forfait optique car il n’a pas respecté le parcours de soin, comment est-ce possible d’en arriver là ?", argumente l'opticien rouennais.

Quelques lignes plus loin, il revient sur la volonté gouvernementale de faire pression sur les tarifs en optique : "Vous voulez réduire la marge réalisée par les opticiens, c’est un fait. Cela revient simplement à réduire notre salaire (1000€/mois en tant que dirigeant d’un magasin, quelle folie !), je n’ose même pas imaginer les conséquences d’une mesure équivalente chez nos fonctionnaires, l’apocalypse arriverait à grand pas ! Je crois que lorsque vous avez sorti de votre chapeau magique cette merveilleuse réforme vous avez oublié quelque chose…Certes, nous sommes opticiens mais des citoyens français avant tout, qui payons nos charges, nos impôts, nos salariés pour ceux qui en ont, et nous sommes des CLIENTS", tient-il à rappeler. "Si mon salaire se trouve diminué de 100€, c’est autant d’euros en moins que je pourrais dépenser, je n’achèterais plus de viande chez mon boucher, je réduirais mes dépenses superflues et c’est autant de perte chez les commerçants de ma ville."

Exprimant son exaspération, Baptiste Jacquemart regarde aussi au-delà de l'optique. A ses yeux, le bilan du Président de la République à mi-mandat est désastreux. Et d'énumérer tout ce que l'exécutif en place a fait de négatif selon lui :
"- Vous avez réussi à instaurer un climat de morosité permanente chez les français en taxant toujours plus les classes moyennes (celles qui consomment).
- Vous avez réussi à faire chuter l’emploi comme jamais.
- Vous avez réussi à décourager des nombreux entrepreneurs de créer.
- Vous avez réussi à détruire notre système de soin en réglementant les professions de santé".

La suite de ce courrier adressé à François Hollande évoque également, pêle-mêle, l'extinction programmée et progressive des commerces de centre-ville, la pression fiscale qui pèse sur les petits patrons, la précarité de leur situation au quotidien, le tout dans un climat médiatique que M. Jacquemart juge particulièrement délétère pour les opticiens. Tournée avec un sens de l'ironie acérée, cette lettre ouverte s'achève sur ces mots : "Pour l’instant, j’aime ma France et je ne souhaite pas la quitter, mais pour reprendre une expression célèbre : « La France, tu l’aimes ou tu la quittes », j’aimerais que vous y pensiez car au vu de toutes vos actions, permettez-moi d’avoir de gros doutes sur le fait que vous aimiez votre pays…"

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