Le ministère de l'Économie semble disposer à octroyer un rôle plus important aux opticiens-optométristes. Si l'on en croit son projet de loi en cours de rédaction sur la croissance et le pouvoir d'achat, ceux-ci pourraient prescrire des lunettes.

Demain, l'opticien-optométriste pourrait prendre du galon dans la filière visuelle. C'est en tout cas ce que semble envisager Bercy dans une première version de son projet de loi sur la croissance et le pouvoir d'achat, dont une partie a filtré hier dans Les Échos. D'ici 2020 les besoins visuels de la population seront tels que le ministère de l'Économie pense "confier certains actes, tels la prescription de lunettes correctrices ou de lentilles de contact, à des opticiens-lunetiers spécialement formés à la réalisation de ces actes, en maintenant cependant aux médecins spécialistes que sont les ophtalmologistes la réalisation des actes de soins des affections de l’œil autre que de simple correction visuelle". Traduction : les 2 000 opticiens diplômés en optométrie seraient autorisés à prescrire des équipements correcteurs. Pour ce faire, Bercy estime qu'il faut en passer par la loi en inscrivant dans le marbre - celui du code de la santé publique en l'occurrence - l'existence officielle du statut d'"opticien-optométriste". Ce qui revient à reconnaître une quatrième profession, à côté des "3 O" existants déjà : ophtalmologistes, orthoptistes et opticiens. La première mouture du projet de loi voudrait, à terme, "organiser un vrai transfert d’acte général inscrit dans la loi au profit de l’opticien-optométriste".

Cela ayant été dit, les syndicats d'opticiens partisans de cette délégation de tâches renforcée ne s'emballent pas. Rien n'est encore définitivement joué. Et pour cause : l'influent Syndicat national des ophtalmologistes de France s'oppose régulièrement à une telle évolution de la législation. De même, selon nos informations, le ministère de la Santé est en désaccord avec Bercy sur ce dossier. Pas question pour lui de créer une profession supplémentaire : elle préfère à ce cas de figure celui de la coopération active entre orthoptistes et ophtalmologistes. En revanche, le ministère de l'Économie trouve un appui du côté de l'Enseignement supérieur. D'après nos informations, la secrétaire d'État à ce poste, Geneviève Fioraso, serait solidaire de Bercy dans l'hypothèse d'une montée en puissance des optométristes.

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