Optical Center a gagné son procès l'opposant au groupe Alain Afflelou sur l'optimisation de factures. Ces méthodes « faussent le jeu d'une concurrence loyale entre les différentes enseignes d'optique présentes sur le marché », tranche la justice.

Ce qu'on a coutume d'appeler pudiquement les "optimisations de facture" constituent bel et bien un acte de "concurrence déloyale". Telle est la conclusion, dont nous avons pris connaissance ces jours-ci, d'un arrêt rendu par la Cour d'Appel de Paris et qui confirme un jugement formulé en 2009 en première instance dans un procès qui opposait l'enseigne Optical Center au groupe Alain Afflelou. Épinglé par la justice, ce dernier se voit assez lourdement condamné. À travers ce verdict, le groupe Afflelou doit en effet verser plus d'1 million d'euros à Optical Center au titre des dommages et intérêts pour le préjudice matériel et 100 000 euros au titre du préjudice commercial subi. La Cour d'Appel a motivé son avis en indiquant que l'optimisation, qui consiste rappelons-le à maximiser les factures en fonction du remboursement de la complémentaire santé du client, "constituent des fautes dans la mesure où elles contreviennent à des interdictions légales". De fait, insiste la Cour, de telles pratiques ont un effet de captation de la clientèle, attendu que "l'attrait financier pour elle est tel qu'elle ne peut que délaisser les enseignes refusant de se plier aux mêmes pratiques". Du coup, par ricochet, les enseignes qui refusent ces méthodes "perdent des ventes".

Pour Laurent Lévy, le président d'Optical Center à l'origine de cette procédure judiciaire et que nous avons joint par téléphone,  il devient plus que nécessaire "d'assainir" les pratiques de la profession. Des pratiques qui sont en partie le fruit, selon lui, d'une démographie professionnelle galopante, ce qui oriente la concurrence dans le mauvais sens : certains opticiens seraient tentés par l'optimisation de facture pour tirer leur épingle du jeu sans se rendre compte qu'ils sont dans "l'illégalité complète". Aux yeux du pdg d'Optical Center, ce qui compte avant tout, désormais, c'est donc d'en finir avec des méthodes qui non seulement sont des atteintes à la déontologie de l'opticien mais aussi, et peut-être surtout, qui "écornent l'image de la profession auprès du grand public". La défiance de bien des porteurs envers la profession ne faisant que croître sous l'effet de reportages très médiatisés dans lesquels des opticiens peu scrupuleux se font piégés, "il est temps, estime M. Lévy, que toutes ces pratiques cessent". Façon de dire que quand un opticien sans scrupules est mis en cause, c'est l'ensemble des professionnels qui trinque en terme de réputation.