"Les règlementations passées et à venir n'ont aucune justification économique ou de santé publique", affirme le président de la centrale OpticLibre qui taille en pièces "postulats biaisés et contre-vérités".

Le législateur se trompe sur toute la ligne. Ou plutôt, il a été trompé. C'est ce que pense Jean-Luc Selignan pour qui "la frénésie réglementaire" de ces 12 derniers mois est nourrie par des erreurs d'appréciation de la part des pouvoirs publics. Qu'il s'agisse des remboursements différenciés hier ou du plafonnement des remboursements demain, le président d'OpticLibre considère que le diagnostic est faux et, partant de là, que le remède est inapproprié. Et Jean-Luc Selignan de pointer d'abord la confusion entre le prix des lunettes et le budget optique des Français : "Si le budget annuel moyen des ménages français en optique est supérieur à celui de l’Allemagne, ce qui est vrai, c’est en raison de la vitesse de renouvellement  (2,8 ans dans l’Hexagone contre 4,5 outre-Rhin) et non à cause d'une prétendue cherté des équipements".
Comment explique-t-il cette fréquence de renouvellement plus rapide chez nous que chez nos voisins ?  "Elle est essentiellement liée au fait que les clients des réseaux ont souhaité bénéficier le plus souvent possible du système de remboursement annuel. À trop jouer de ce système, certains réseaux ont perverti le comportement des consommateurs en les incitant à renouveler le plus souvent possible des équipements à faibles prix, donc de faible qualité, au lieu d’acheter moins souvent mais des produits de meilleure qualité et plus chers", analyse Jean-Luc Selignan. Depuis le début, estime ainsi le président d'OpticLibre, "l'information est manipulée". Ce sont, insiste-t-il encore, des "postulats de base biaisés" et des "contre-vérités" qui servent à faire passer "de nouvelles réglementations qui n’ont aucune justification, ni économique, ni de santé publique". Selon lui il faudrait donc revoir l'équation : la dynamique de la distribution devrait "privilégier une politique de santé visuelle de qualité plutôt que de la quantité". C'est ce qui explique qu'il se déclare partisan de "remboursements progressifs dans le temps", sur le modèle assurantiel du bonus. Par exemple, un porteur qui n'utilise pas le forfait de sa complémentaire une année pourrait profiter, l'année suivante, d'une prise en charge améliorée.

Au-delà, Jean-Luc Selignan souhaite travailler l'image de l'opticien en valorisant son professionnalisme. "La profession d'opticien souffre peut-être d'abord d'être mal connue du public, explique-t-il. Les clients n'ont pas idée du travail que demandent la réalisation de leur équipement et la prise en charge de leur dossier". D'où la volonté de la centrale de faire de la pédagogie de fond auprès des porteurs : cela passe notamment par la mise à disposition d'un "Chevalet prestations". "En détaillant très précisément au client chaque tâche effectuée par l'opticien, cela désamorce toutes éventuelles critiques sur la prétendue opacité des prix", argumente Christine Gabriel, la directrice générale adjointe de la centrale. Jean-Luc Selignan renchérit : "Cet un outil qui permet de faire toute la transparence sur les tarifs pratiqués par l'opticien". Toujours dans un souci d'éducation du client, la centrale propose également à ses adhérents une vidéo personnalisable sur le thème "2h30 pour vos yeux". "C'est le temps moyen que passe un opticien par client, du début à la fin. Là encore, cela permet de dissiper les idées reçues et les préjugés tenaces sur le métier", tient à souligner Jean-Luc Selignan.

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