Commandé par Bercy, un rapport préconise de reconnaître au plus tôt l'optométrie… Une piste qui semblait pourtant avoir été abandonnée par le ministère de l'Économie, suite à des désaccords avec le ministère de la Santé.

"Tu veux ou tu veux pas ?". Les paroles de la chanson de Brigitte Bardot résument assez bien la situation de l'optométrie en France. Depuis des années, les pouvoirs publics soufflent le chaud et le froid quant à une éventuelle reconnaissance de cette activité dans l'Hexagone. Et le gouvernement actuel ne fait pas exception. Dans le rapport sur les professions réglementées du droit et de la santé qu'il a remis ce lundi au ministre de l'Économie, le député socialiste Richard Ferrand relance la question, et ce quelques semaines seulement après que Bercy semble avoir écarté cette hypothèse.

Pour l'élu PS, les choix du ministère de la Santé en matière d'anticipation de la prise en charge des besoins visuels sont trop restrictifs. À ses yeux, "l’ouverture de la prescription de verres correcteurs aux optométristes permettrait de pallier le manque d’ophtalmologistes sur le territoire national". Autrement dit, la généralisation des protocoles de coopération entre ophtalmologistes et orthoptistes, modèle choisi par le ministère de la Santé pour faire face au manque grandissant d'ophtalmos, est une réponse insuffisante, selon M. Ferrand. "Cette organisation ne répondra, à moyen terme, qu’imparfaitement au problème démographique", pronostique le député. Dès lors, selon lui, le législateur ne doit pas écarter l'idée de reconnaître en parallèle les optométristes afin qu'ils viennent en appui aux autres professionnels de la vision. Et Richard Ferrand de rappeler que "comme le rapport d’information du Sénat sur les coopérations entre professionnels de santé le préconise, la création de professions intermédiaires pourrait constituer une piste de réflexion intéressante". Plus loin dans son rapport, il estime même qu'il y a urgence à statuer sur cette reconnaissance.

Prenant en compte les arguments des anti-optométrie, Richard Ferrand tient par ailleurs à souligner que si reconnaissance de l'optométrie il y a, elle doit intervenir sur fond de stricte séparation entre prescription et vente. "La question de l’exercice par un opticien de ce métier se pose au regard du principe de séparation entre le prescripteur et le vendeur", peut-on lire dans le rapport. "La mission rappelle qu’une étanchéité totale et réglementée du métier de prescripteur avec celui de vendeur doit être maintenue." Doit-on comprendre qu'à l'avenir, dans l'hypothèse où l'optométrie serait reconnue, il faudra choisir entre devenir optométriste ou opticien ?

Photo : Richard Ferrand et Emmanuel Macron, lundi 3 novembre, le député PS remettant alors le rapport de sa mission au ministre de l'Économie.

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