La reconnaissance de l'optométrie n'est pas envisagée par le gouvernement, assure le syndicat des ophtalmos, reçu hier au ministère de la Santé. C'est pourtant la seule réponse appropriée à la prise en charge des besoins visuels grandissants, réitère de son côté l'Association des Optométristes.

Des ophtalmologistes (SNOF), des orthoptistes (SNAO et SOF) et des opticiens (FNOF) côte à côte. Hier, pour faire entendre leur désaccord sur le projet de loi Macron, du nom du ministre de l'Économie qui envisage la création du statut d'opticien-optométriste, plusieurs centaines de professionnels ont battu le pavé devant leur ministère de tutelle, celui de la Santé, en fin de matinée. Une délégation a ensuite été reçue par le cabinet de Marisol Touraine (photo). Au sortir de cette entrevue, Jean-Bernard Rottier, à la tête du Syndicat national des ophtalmologistes de France, s'est dit "satisfait" des arbitrages du gouvernement. D'après le représentant des ophtalmos, "la santé visuelle reste du domaine du Ministère de la Santé". Manière de dire que le projet de loi de Bercy n'avait pas à se préoccuper de questions liées à la santé. On sait en effet qu'entre la ministre de la Santé et son collègue de l'Économie de profondes divergences existent. Le Dr Rottier annonce aussi que "des concertations seront menées très prochainement avenue de Ségur pour élaborer avec l’ensemble des acteurs un plan de santé visuelle". Le porte-parole des ophtalmologistes déclare par ailleurs se féliciter de "l’ambition de Marisol Touraine (qui) est de réduire très significativement les délais d’attente des cabinets d’ophtalmologie, avec l’aide de la profession et non contre elle"."Le plan promu par les professionnels de la santé visuelle pour fluidifier les flux de patients, basé sur la montée en puissance du modèle de coopération ophtalmologistes-orthoptistes, est confirmé", insiste encore M. Rottier. Toutes choses qui lui font dire que "dans ces conditions, la création d’une nouvelle profession, telle que celle des optométristes, n’est pas envisagée par le gouvernement"

Hier, à peu près au moment où les ophtalmologistes étaient reçus au ministère de la Santé, l'Association des Optométristes de France (AOF) réagissait de son côté via un communiqué réaffirmant que "sans réforme et reconnaissance de l'optométrie, nous allons vers une catastrophe sanitaire sans précédent !". Ce communiqué fait surtout état d'un sondage que l'AOF a réalisé auprès… des ophtalmologistes. Ont-ils l'intention de faire grève ? C'est la question qui a été posée, entre le 24 et le 30 septembre, à 260 cabinets. Sur 245 réponses collectées, 56 ont déclaré qu'ils se mettraient en grève. Ce qui fait dire à Philippe Verplaetse, le président de l'AOF, que "près de 80 % des ophtalmologues sondés n’ont pas jugé opportun de manifester, notamment contre le tiers payant généralisé et la reconnaissance des optométristes". Pour l'AOF, est-ce une façon de sous-entendre que la tête du Snof et sa base ne regardent pas dans la même direction ?

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