Un conseil d'administration extraordinaire a acté, hier, le départ pressenti d'Andrea Guerra, son emblématique administrateur délégué. Une nouvelle ère commence pour le géant italien avec à sa tête une nouvelle gouvernance.

Sans surprise, l'ère post-Guerra a commencé hier soir. Au cours d'un conseil d'administration extraordinaire hier, la décision a été prise de réorganiser la direction de Luxottica. Elle se fera donc sans Andrea Guerra (photo), donné partant depuis que des bruits de couloir faisaient état de divergences profondes entre lui et le président-fondateur, Leonardo Del Vecchio. C'est justement ce dernier qui, à bientôt 80 ans, reprend du service. En retrait depuis 2004, il va de nouveau s'impliquer en qualité de responsable du comité exécutif. Il sera épaulé par Enrico Cavatorta, jusqu'alors directeur financier, et Massimo Vian. Une troisième personne, dont le recrutement est en cours, viendra compléter cette gouvernance à trois têtes. L'annonce de cette direction plurielle vient confirmer des informations qui avaient transpiré il y a quelques jours dans le Corriere della Serra, qui parlait alors de la mise en place d'un triumvirat. Cette direction aux nouveaux contours "permettra une gestion plus rigoureuse du groupe, qui a rapidement augmenté en termes de taille, de complexité et de présence au niveau mondial ces dernières années", explique Luxottica.

À l'issue de ce conseil d'administration, le départ anticipé d'Andrea Guerra a été salué comme il se doit : "Avec beaucoup d'énergie et de professionnalisme, il a contribué à renforcer la présence du groupe et de ses marques sur le marché, et a obtenu d'excellents résultats". Il est vrai qu'entre le moment où Andrea Guerra est entré en fonction, il y a dix ans, et sa sortie aujourd'hui, Luxottica a vu son chiffre d'affaires doubler tout comme ses bénéfices. La cause du départ précipité d'Andrea Guerra reste cependant toujours aussi flou. On ne sait pas vraiment ce qui a pesé le plus entre des divergences de vues au niveau de la stratégie d'entreprise et un conflit de personnes avec Leonardo del Vecchio qui souhaitait reprendre la main plus activement sur les affaires. Nos confrères des Échos croient savoir que c'est au printemps 2013, à partir du moment où un projet de rapprochement avec Essilor aurait échoué, qu'un antagonisme profond a commencé à se faire jour entre Del Vecchio et Guerra.

En quittant plus tôt que prévu Luxottica, Andrea Guerra pourrait-il, d'une façon ou d'une autre, passé à la concurrence ? "C'est peu probable, nous confie une source interne. Quand on a été à la tête d'un leader comme Luxottica c'est difficile d'aller voir ailleurs". Passé par divers secteurs (hôtellerie, électroménager…), Andrea Guerra pourrait donc rebondir dans un tout autre secteur que l'optique-lunetterie, certains l'annonçant même en politique, un milieu qui plusieurs fois déjà lui a fait de l'oeil.
Ce qui est sûr c'est que l'avenir de "Luxo" s'écrira sans lui : "La société est maintenant prête à faire face à un nouveau chapitre de son histoire grâce à une équipe très compétente et expérimentée. Cette nouvelle phase verra le groupe conserver son niveau de ventes et de rentabilité, en s'assurant qu'il est prêt à saisir les opportunités et relever les défis du marché", a tenu à affirmer un Leonard Del Vecchio conquérant. Bref, la direction change de tête(s) mais l'orientation et les objectifs fixés sous l'ère Guerra demeurent : Luxottica vise une croissance annuelle de + 7 % avec, à l'horizon 2016, 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires.  

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