Les ophtalmos semblent bien avoir emporté la décision, si l'on en juge par la rétractation du Sénat qui décide finalement de maintenir l'obligation d'ordonnance, et ce quel que soit l'âge du porteur.

Les ophtalmologistes, très mobilisés sur la question via le SNOF, semblent avoir été entendus des sénateurs. Ces derniers leur ont donné gain de cause en décidant, hier, en séance publique, de supprimer l’article 11 quater C du projet de loi Macron prévoyant de limiter l'obligation d'ordonnance aux seuls porteurs de moins de 16 ans. Ce revirement signifie que c'est finalement la version maximaliste défendue quelques jours plus tôt par le gouvernement qui, selon toute probabilité, sera adoptée lors de l'ultime examen du texte par les députés, à partir de la semaine prochaine. Sauf rebondissement de dernière minute peu vraisemblable, la nécessité de présenter une prescription vaudra pour tous les porteurs, les moins de 16 ans comme les autres. Une disposition introduite à l'origine, rappelons-le, par la loi Hamon en 2014. Dans une allusion à peine voilée à l'un des arguments avancés par l'Union des Opticiens favorable à une approche minimaliste de cette obligation d'ordonnance, certains sénateurs, Gilles Barbier par exemple, ont estimé que la dimension de prévention doit prévaloir sur toute autre considération : "On a invoqué les touristes perdant leurs lunettes mais pensons d’abord à nos concitoyens et au rôle des ophtalmologistes dans le dépistage de nombreuses maladies, comme la rétinopathie diabétique ou la désormais fameuse DMLA".

Anticipant le vote des députés, l'UDO a réagi ce matin via son blog à travers un commentaire assez amer : "Opticiens, il va falloir vous y faire  (…) Prochainement lors de la parution du décret de loi, vous devrez être en possession d'une ordonnance valide (3 ans pour adultes, à chaque renouvellement pour les enfants) pour que votre client puisse acheter une paire de lunettes de vue. Qu'il soit Français ou étranger, demandant un remboursement ou pas, qu'il ait une urgence (casse, perte), etc... Une amende de 3 750 € par dossier pourrait vous être infligée en cas de non justification de cette ordonnance". Le syndicat prend acte de la décision des sénateurs qui, de fait, clôt les débats sur la question :  "Maintenant c'est le temps de l'anticipation, il faudra prévenir vos clients afin qu'ils puissent avoir ce précieux sésame pour l'achat des lunettes de vue", peut-on encore lire sur le blog.
La mesure ne prendra effet qu'avec la publication du décret d'application.

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