Le Sensee pure player que l'on a connu, c'est fini. En devenant une marque à part entière qui combine internet, produits en marque propre et magasins, Sensee prend un nouveau départ qui a cependant des airs de déjà-vu.

En 2011, à sa création, Sensee, alors pure player, avait l'ambition de chambouler le marché de l'optique. Faute d'avoir pleinement atteint son but comme pur site de vente en ligne, Sensee change aujourd'hui de positionnement en revendiquant "un tout nouveau modèle : la marque est conservée mais tout le reste a changé. Absolument tout !", claironne la direction dans un communiqué qui se présente comme "un manifeste". Si derrière la "refondation de la marque", il y  a toujours chez Marc Simoncini la volonté "de bousculer l'ordre établi", force est de constater que le nouveau concept, pour cross-canal qu'il soit, laisse perplexe quant à sa réelle nouveauté… Sensee s'affiche désormais comme une "marque de lunettes 100 % fabriquée en France" se composant de quelque 70 modèles (photo) revisitant les grands standards de la lunetterie (soit 250 références en tout si on compte les déclinaisons chromatiques), proposés à un tarif unique de 49 euros. 49 euros pour une collection entièrement fabriquée dans le Jura, "c'est unique sur le marché français", assure Sensee. Toutefois, évidemment, les prix varient - "en toute transparence", insiste Sensee - en fonction des options de traitements  et types de corrections souhaitées. "Pas de mauvaise surprise de dernière minute chez nous, pas de coûts cachés, tout est affiché", souligne la direction dans le communiqué de lancement.

"Dessiner soi-même, fabriquer soi-même et distribuer soi-même", c'est donc dorénavant autour de ce triptyque que s'organise Sensee, et ce dans un souci de "maîtrise de la totalité de la chaîne de valeur". Cela dit, est-ce si novateur si on considère que certaines grandes enseignes traditionnelles font valoir cette même approche globale et qualitative pour les produits qu'elles vendent en marque propre ? La véritable nouveauté viendrait-elle alors plutôt des boutiques, dont la première vient d'ouvrir à Paris dans une ambiance conviviale et connectée qui n'est pas sans rappeler les Apple Store ? Même perplexité, là encore, dans la mesure où le processus de vente s'appuie autant sur l'expertise d'opticiens diplômés que sur des outils connectés à l'image de la tablette… comme on peut déjà l'observer ailleurs. N'est-ce pas en effet ainsi que fonctionne Lunettes pour Tous, le concept lancé par Paul Morlet ? D'ailleurs, dans le tournant que prend aujourd'hui Sensee, c'est sans doute ce qui est le plus intéressant : en se positionnant comme une marque-enseigne cross-canal, Sensee devient, de fait, tout autant le concurrent frontal des réseaux historiques axés sur le low-cost ou le discount que le concurrent de Lunettes pour Tous qui, rappelons-le, aspire également à bousculer les règles du marché de l'optique… Avec, pour le moment, une seule boutique ouverte dans la capitale et une seconde annoncée pour bientôt à Marseille, Sensee entame donc progressivement sa mue. Un changement qui, à bien y regarder, est peut-être moins en rupture avec la distribution existante que ce que le discours annonce.

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