L'Académie Nationale de Médecine voit d'un très mauvais oeil le scénario d'une possible reconnaissance en France de l'optométrie. Elle explique pourquoi dans un rapport.

L'optométrie ne peut pas être la réponse au problème de l'accès aux soins visuels. C'est, en substance, ce que pense l'Académie de Médecine dans un rapport publié hier et rédigé sous la direction du Pr Jean-Louis Arné. Ce rapport met en garde le gouvernement contre "les dangers liés à une reconnaissance de l'optométrie" dans l'Hexagone. Pour l'Académie, la mesure de l'acuité visuelle et la prescription de corrections optiques « sont, et doivent demeurer, un acte exclusivement médical, indissociable d'un bilan complet de l'appareil visuel ». Et d'affirmer catégoriquement que la formation « purement scientifique » des optométristes est inadéquate pour dépister des pathologies oculaires.

À travers ce rapport, l'Académie recommande surtout au gouvernement de privilégier d'autres voies. Elle préconise d'abord de doubler le nombre d'internes formés à l'ophtalmologie et de généraliser la coopération ophtalmos-orthoptistes. Le Pr Arné plaide ainsi pour une facilitation des coopérations entre ophtalmos et orthoptistes avec la mise en place, notamment, du travail aidé (via un allègement de charges par exemple). Plus que jamais, l'Académie semble voir dans ces délégations de tâches visant à « la complémentarité entre l'orthoptie et l'ophtalmologie » la seule solution pour répondre aux trop longs délais d'attente qui touchent les cabinets d'ophtalmologie. Si les optométristes sont mal vus par l'Académie de Médecine, les opticiens ne sont pas mieux lotis, l'institution estimant par ailleurs que « la délégation de tâche vers les opticiens n'apparaît pas comme une solution satisfaisante » non plus.

Sans surprise, le docteur Jean-Bernard Rottier, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof), a très positivement accueilli les conclusions de ce rapport : "Ce rapport conforte en tout point le plan que nous proposons depuis des mois aux autorités sanitaires pour sortir la filière ophtalmologique de l’ornière. Ses recommandations sont judicieuses et cohérentes. Il s’agit ni plus ni moins d’assurer l’avenir du système de santé visuelle, en préservant l’accès à des soins de qualité pour tous". La publication de ce rapport pose cependant une question : si l'Académie de Médecine veut aujourd'hui, et en urgence, attirer l'attention du gouvernement, doit-on en déduire que la reconnaissance de l'optométrie est la voie choisie par le ministère de la santé pour la prise en charge de certains soins visuels ?

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