Le rapport annuel de la Cour des comptes pointe la situation plus que jamais alarmante des finances de la Sécu, "droguée" à la dette, selon le mot de Didier Migaud, président de la Cour.

La Sécu n'en peut plus. Sa dette grossit à vue d'oeil année après année et rien ne semble pouvoir juguler cette inflation de dépenses. L'an dernier, la Sécurité Sociale a même atteint un record dont l'Etat se serait volontiers passé, avec 30 milliards d'euros de déficit. Présentant hier son rapport annuel, Didier Migaud, le président de la Cour des comptes s'est alarmé "d'une spirale de la dette particulièrement dangereuse pour la légitimité et la pérennité même de notre protection sociale". Et d'enchaîner avec des images et des formules qui frappent les esprits : la dette est un "poison", le déficit "une drogue" et la Sécu, telle une personne complètement dépendante, en situation de devoir se "désintoxiquer".Et ce matin, dans une interview accordée au Dauphiné, Didier Migaud insiste sur la nécessité de faire des économies : "La dette est un poison lent qui fragilise de plus en plus notre Sécurité Sociale. Revenir à l’équilibre des comptes est impératif et suppose des mesures fortes et rapides. Il faut intensifier les efforts de redressement, réduire la croissance de la dépense, en priorité celle d’assurance maladie qui explique la moitié du déficit actuel, amplifier les réformes de structure (hôpital et médicament) et assurer des recettes supplémentaires, notamment par le réexamen des niches sociales". Sur ce dernier point précisément, la Cour estime qu'il serait notamment judicieux de réorienter les niches sociales et fiscales des complémentaires santé et de l'épargne retraite vers les catégories aux revenus peu élevés. Ces niches, qui avoisinent les 3,3 milliards d'euros, sont "à l'origine d'effet d'aubaine pour les salariés des catégories sociales moyennes et supérieures", lit-on dans le rapport.

Photo : AFP.