Quelles priorités, quels enjeux, quelles perspectives pour 2021 ? Durant tout janvier, nous proposerons différents points de vue sur l’état de santé et l’état d’esprit du secteur. Syndicalistes, industriels, créateurs, responsables d’enseigne ou dirigeants de centrale et bien sûr opticiens, nos intervenants partageront en exclusivité avec notre rédaction leurs regards. Aujourd'hui, rencontre avec un lunetier. Par ailleurs administrateur au sein du Gifo (groupement des industriels et fabricants de l’optique), Matthieu Lafont intervient ici au titre de co-dirigeant de la Maison Lafont. Propos recueillis.

« C’est peu dire que 2020 a été compliquée, mais c’est aussi, et c’est un ressenti que beaucoup partagent je crois, une année riche en enseignements comme aucune autre avant. Il faut capitaliser sur tout ce que nous avons appris et qui nous rend plus forts parce que plus agiles. Le contexte anxiogène a sans doute pour effet de revaloriser certains principes et certaines valeurs. Si on parle beaucoup, de façon générale, d’un retour en force de la notion de proximité, il me semble que c’est particulièrement vrai en optique, et ce à bien des égards. D’une part, dans la relation entre opticiens et fournisseurs : la notion de partenariat commercial a pris tout son sens, en tout cas chez nous,  au plus fort de la crise. Plus que jamais aujourd’hui, je pense, les opticiens tablent sur un rapport de confiance avec leur fournisseur. Nous, en interne, on le ressent particulièrement : dans cette période encore incertaine, la fidélité de nos clients sort vraiment renforcée. Face à l’adversité, nos liens commerciaux avec les uns et les autres se sont encore plus soudés. Le fait aussi que nous ayons maintenu en 2020 le renouvellement de la création, avec l’indépendance qui nous caractérise, a été très apprécié des opticiens qui vivent leur métier comme une passion. Entretenir cette créativité a été un élément fort du lien qui nous unit à nos partenaires, et ça le sera encore sur 2021. De ce point de vue, ce que la crise nous a appris en terme d’expérience d’entreprise est donc inestimable.

Cette prime à la proximité se traduit aussi, d’autre part, dans la relation entre l’opticien et sa clientèle. Une évolution des mentalités semble en cours. Chez une large part des Français, il y a eu une forme de prise de conscience tous ces derniers mois : l’importance du bien-être visuel s’est imposée. Et pour cause ! L’hyper-sollicitation visuelle née de l’exposition grandissante aux écrans a, pendant les différents confinements, ouvert les yeux des gens, c’est le cas de le dire, sur la nécessité de bien voir. Et d’avoir un équipement confortable et performant. Cette sensibilisation au bien-voir sera certainement constitutive, à l’avenir, d’un réel intérêt de bon nombre de Français pour leur vue. La crise a aussi, pour ainsi dire, changer leur regard sur l’opticien dont l’aspect ‘santé’ est apparu comme évident. Nul doute que la période que nous traversons a révélé, pour certains Français, le rôle de tout premier ordre que joue ce professionnel de santé. Et on pourrait souligner aussi, par ailleurs, les préoccupations de traçabilité, de circuit-court, qui sont liées à l’idée de proximité, et qui ne cessent de marquer des points dans les comportements d’achats des consommateurs. L’ancrage local et historique de notre production dans le Jura fait, par exemple, beaucoup sens en ce moment. C’est aussi cette notion de tradition lunetière qui trouve de plus en plus écho dans notre marché. Voilà des dynamiques qui devraient durablement structurer le marché demain…

Autant on peut dire que notre écosystème sort relativement préservé en comparaison d’autres secteurs qui, eux, sont sinistrés, autant il demeure quand même nombre d’incertitudes et de questions. Certes nous avons un peu plus de visibilité désormais, mais il y a des éléments exogènes que nous ne maitrisons pas et qui relèvent des seuls pouvoirs publics. Tant que l’accès aux soins visuels – ophtalmologistes, opticiens, etc. – est maintenu, la filière poursuivra son redressement. Nul ne souhaite envisager un nouveau scénario de verrouillage complet comme nous l’avons connu lors du premier confinement… Il faut rester collectivement optimistes et volontaires, ce que nous sommes résolument chez Lafont, mais humbles, aussi, devant l'imprévisibilité des événements. »

 

1_L'optique en 2021 vue par Maher Kassab, PDG de Gallileo Business Consulting

2_L'optique en 2021 vue par Jean-Luc Selignan, président d'OpticLibre

3_L'optique en 2021 vue par Jérôme Tondeur, co-opticien de l'année 2019

4_ L'optique en 2021 vue par Dominique Cuvillier, consultant en optique-lunetterie

 

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