Quelles priorités, quels enjeux, quelles perspectives pour 2021 ? Durant tout janvier, nous proposerons différents points de vue sur l’état de santé et l’état d’esprit du secteur. Syndicalistes, industriels, créateurs, responsables d’enseigne ou dirigeants de centrale et bien sûr opticiens, nos intervenants partagent en exclusivité avec notre rédaction leurs regards. Responsable marketing de la société Minima, Sandra Timon a pris en septembre dernier la présidence de LEOO (Les Entreprises de l’Optique Ophtalmique), le syndicat des fabricants français de l’optique. C’est à ce titre qu’elle s’exprime ici aujourd’hui.

Fréquence Optic : Par commodité journalistique, on parle souvent de ‘la’ filière comme si c’était un tout indistinct. Or les enjeux varient sans doute beaucoup d’un acteur à un autre, surtout dans le contexte actuel, non ?

Sandra Timon : Les uns et les autres, nous ne faisons pas les mêmes métiers. Dès lors nous n’avons peut-être pas eu, en effet, la même perception des événements ; ils nous ont impactés différemment et plus ou moins fortement. Mais le moment est tellement important, tellement hors norme, qu’au-delà des natures d’entreprise très différentes, un esprit de filière s’est vite imposé. Si la crise a montré que sous-traitants, verriers, lunetiers, laboratoires de contactologie et autres ont vécu l’épreuve de façon à chaque fois particulière, il n’en reste pas moins qu’elle a aussi révélé de grandes capacités d’union. Ce qui fait notre différence fait aussi notre force.

Diriez-vous que la crise sanitaire a un effet plus fédérateur encore que l’épisode du 100 % Santé courant 2019, où une grande partie de la filière s’était mobilisée pour faire bloc ? 

Ce que le 100 % Santé a initié d’union au sein de la filière, la crise sanitaire n’a fait que le renforcer et l’amplifier. Avec la crise actuelle, dont nous ne sommes pas encore sortis, tous les repères ont été mis à mal. La présente situation nous pousse à nous fédérer comme jamais. À travers LEOO par exemple, nous voulons donner un nouvel élan au savoir-faire français, le valoriser toujours plus et mieux. C’est dans des périodes de turbulences comme celle que nous traversons que l’on se doit de dessiner les contours d’un horizon commun. Je ne dis pas que c'est facile, mais c’est indispensable pour aller de l’avant.

Vous parlez de valoriser l’expertise française… Auprès de qui surtout ? Les opticiens, les clients finaux, les décideurs publics ?

Il faut bien comprendre qu’il y a un patrimoine hexagonal pour la filière, dont les marques emblématiques sont évidemment l’expression vivante et médiatique, mais pas seulement. Les sous-traitants concourent largement, eux aussi, à ce patrimoine qu’ils font vivre chaque jour dans leurs usines, en intervenant pour le compte de tel ou tel. Au sein de LEOO, nous travaillons actuellement à la mise en place d’un circuit-tour qui pourrait permettre aux professionnels de l’optique de venir à la rencontre de ces savoir-faire, dès que les circonstances le permettront évidemment. Cela s’adresserait aux opticiens, bien sûr, qui pour certains sont désireux de mieux découvrir l’envers du décor. Mais aussi aux étudiants qui méconnaissent bien souvent le formidable outil de production qui est chez nous. Et pourquoi pas aux entreprises étrangères qui pourraient vouloir faire appel aux capacités de production hexagonales dans différents domaines. Le savoir-faire tricolore doit pouvoir rayonner hors de chez nous, s’exporter, s’enrichir au contact d’autres « made in », non moins nobles. 

À propos de fabrication française, les consommateurs s’en préoccupent-ils vraiment en optique-lunetterie ? Le déclaratif des sondages ne se traduit pas toujours dans les achats réels…

Je crois qu’on peut dire qu’il y a une prise de conscience indéniable. Les remontées que nous avons du terrain témoignent de cet intérêt grandissant. Et le contexte va probablement renforcer cette préoccupation. On comprend tous, en tant que consommateurs, qu’il y a un enjeu économique dont nous sommes les acteurs. Cependant j’aimerais dire que le discours sur le « made in » ne doit être ni culpabilisateur ni incriminant, mais résolument positif. C’est une énergie, une qualité, une créativité qu’il faut pousser et porter collectivement auprès des opticiens, des consommateurs et des pouvoirs publics. 

Sur fond de crise, les relations entre opticiens et fournisseurs, quels qu’ils soient, vous semblent-elles avoir évolué ?

J’ai l’impression qu’à tous les niveaux le travail est, comment dire ?, plus structuré qu’auparavant. Nos modes de fonctionnement à distance nous ont, paradoxalement, rapproché les uns des autres. Nous avons dû adapter nos façons de travailler. De ce fait nous sommes peut-être plus à l’écoute entre nous. La situation inédite que nous vivons a conduit à l’optimisation des organisations, quelles qu’elles soient. S’il y avait un élément positif à retenir de cette étrange période, ce serait peut-être celui-ci.

1_L'optique en 2021 vue par Maher Kassab, PDG de Gallileo Business Consulting

2_L'optique en 2021 vue par Jean-Luc Selignan, président d'OpticLibre

3_L'optique en 2021 vue par Jérôme Tondeur, co-opticien de l'année 2019

4_ L'optique en 2021 vue par Dominique Cuvillier, consultant en optique-lunetterie

5_L'optique en 2021 vue par Matthieu Lafont, co-dirigeant du lunetier Lafont

6_L'optique en 2021 vue par Nicolas Sériès, président de Zeiss Vision Care France

 

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