Par la voix de la ministre de la santé, le gouvernement persiste et signe. L'optométrie ne sera pas reconnue en France. 

Une nouvelle fois interrogée sur l'organisation de la filière visuelle, Marisol Touraine réaffirme sa préférence pour une collaboration étroite entre ophtalmologistes et orthoptistes. Elle s'oppose à la reconnaissance de l'activité optométriste en France. Répondant à la question d'une députée, la ministre de la Santé semble bel et bien avoir enterré cette option, remise sur le tapis, rappelons-le, par la publication récente du rapport Ferrand. Pour faire face aux défis de la prise en charge, à plus ou moins long terme, des besoins visuels, Mme Touraine mise sur le déploiement progressif de protocoles de délégations de tâches entre ophtalmos et orthoptistes. Dispositifs collaboratifs dont l'expérimentation, notamment en région Pays de la Loire, lui semble concluante : "La voie d’une reconnaissance du métier d’optométriste n’a pas été retenue. Je ne pense pas, en effet, que la création d’une quatrième profession soit de nature à simplifier ni accélérer le parcours des patients. Pour ma part, j’ai souhaité travailler à de nouvelles formes d’organisation dès 2012, notamment, à travers la mise en place d’une expérimentation dans la région des Pays de la Loire : désormais, le renouvellement de la prescription de verres correcteurs peut intervenir dans un délai de quinze jours après réalisation d’un bilan visuel par un orthoptiste et un diagnostic, posé de façon différée et à distance, par un ophtalmologiste. Nous devons maintenant généraliser ce type d’expérimentations en le déployant dans tout le pays afin de réduire significativement les délais d’attente".

Du côté des partisans d'une reconnaissance de l'optométrie, c'est, pour l'heure, silence radio. Ni l'Union des Opticiens (UDO), ni l'Association des Optométristes de France (AOF) n'ont officiellement réagi à cette prise de position de la ministre. Peut-être le feront-ils dans le cadre du Congrès d'Optométrie et de Contactologie qui doit se dérouler dans quelques jours à Paris, les 18 et 19 janvier. En attendant, chez les opticiens-optométristes de la base, pour ainsi dire, que nous avons pu joindre, c'est encore et toujours l'incompréhension qui domine. "Je suis déçu qu'on ne veuille pas reconnaître nos capacités" ; "Pourquoi nous donne-t-on la possibilité de faire des études en optométrie si, in fine, on ne peut pas faire valoir en France nos compétences ?", a-t-on pu entendre ici et là. Incompréhension, donc, mais aussi colère, comme en témoigne cette réaction d'un optométriste parisien : "J'ai le sentiment désagréable que ça fait des années qu'on nous ballade en nous promettant une reconnaissance qui, on le voit aujourd'hui, semble plus improbable que jamais".

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