La relation entre les opticiens et les réseaux de soins est loin d'être simple et univoque. L'un fourni par Carte Blanche, l'autre par la Fnof, deux chiffres viennent illustrer cette ambiguïté.

Arrêt sur image. D'un côté, le nombre d'opticiens qui ont d'ores et déjà postulé au nouveau réseau Carte Blanche : 3974.  De l'autre, le nombre d'opticiens qui ont signé la pétition initiée par la Fédération nationale des opticiens de France ironiquement intitulée "Vous avez carte blanche pour dire non aux réseaux de soins" : 3500. Mis en regard, ces deux chiffres montrent toute la complexité du rapport que la profession entretient vis-à-vis des réseaux de soins. "À l'heure où je vous parle (hier après-midi_ndlr), 3 974 opticiens exactement sont engagés dans ce qu'on appelle le flux d'adhésion à notre nouveau réseau. Cela veut dire que leur dossier est en cours de finalisation, en attente de certaines pièces. Pour moitié ces postulants sont des indépendants, pour moitié ce sont des opticiens sous enseigne, indique Jean-François Tripodi, le directeur général de Carte Blanche. Et de préciser, preuve, selon lui, que le renouvellement de son réseau séduit des opticiens : "Nous avions prévu un nombre important d'appels téléphoniques de la part des opticiens pour avoir des précisions sur tel ou tel point de notre conventionnement. Or nous n'avons reçu que 115 appels en tout et pour tout. J'y vois le signe que notre offre est claire".

Alain Gerbel, président de la FNOF, a quant à lui remis une pétition ce matin au député Daniel Fasquelle (ci-dessous) qui, rappelons-le, va déposer une proposition de loi visant à interdire les réseaux des soins. En l'espace de dix jours, cette pétition a recueilli les signatures de 3 500 opticiens. À travers ces deux données mises côte à côte, on ne doit pas en déduire qu'il y a autant d'opticiens pour les réseaux que contre eux. Ce serait trop simple de s'arrêter à cette seule arithmétique. Certes, il y a des pro et des anti réseaux convaincus. Ceux-là ont définitivement choisi leur camp. Mais il y a aussi bien des opticiens qui ne savent pas trop où se placer, par crainte, essentiellement, de se priver de la clientèle générer par les réseaux de soins. Du coup, certains opticiens ont signé la pétition, d'accord sur le principe, tout en s'engageant dans la contractualisation avec Carte Blanche… Double discours ? Plusieurs opticiens rencontrés sur le Silmo estiment en effet que c'est ce double jeu qui, précisément, sert les réseaux de soins. Ainsi la crainte de voir le concurrent voisin entrer dans un réseau pousserait même les plus réfractaires des opticiens à se conventionner. Pour ces opticiens, qu'ils appartiennent au collectif Noémie (du prénom de cette jeune opticienne qui a coordonné, dimanche, une manif' anti-réseaux lors du salon), à l'association des Opticiens de Savoie ou au groupe OSCAR (pour "Opticiens Sans Complémentaires Avec Réseaux), mobilisé contre "l’inacceptable intrusion des mutuelles et des assurances complémentaires dans les protocoles de santé visuelle des Français", jouer sur les deux tableaux n'est plus tenable…

Ce midi, à l'Assemblée nationale, Alain Gerbel remet au député Daniel Fasquelle (Les Républicains, ex-UMP) une pétition anti-réseaux totalisant 3 500 signatures.

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