Dans Le Nouvel Économiste, Eric Plat évoque, en sa qualité de président de la Fédération des enseignes du commerce associé (FCA), les atouts du modèle coopératif. Il revient aussi sur une certaine "mentalité franco-française". Extraits.

Éric Plat (photo) a longuement été interviewé par notre confrère Le Nouvel Économiste au titre de sa présidence de la Fédération des enseignes du commerce associé (FCA). Celui qui est par ailleurs PDG de l'enseigne Atol passe en revue ce qui constitue, selon lui, les atouts du modèle coopératif dans un contexte économique durablement chahuté. "Les entreprises coopératives sont gérées par des indépendants, donc davantage investis au niveau local. Ils anticipent plus rapidement la reprise, investissent plus, recrutent plus, et en période de crise, ils amortissent bien souvent celle-ci grâce à leurs revenus personnels, et pas par des licenciements. C’est donc un modèle économique plus robuste car plus souple. Car la création de richesse se fait au niveau du commerçant, pas au niveau de la coopérative, qui réinvestit tout et n’est pas là pour faire du bénéfice, ni pour les redistribuer", tient-il à souligner. Évoquant entre autres la spécificité des centrales de paiement, un élément clé du dispositif coopératif, il cite le cas de son réseau : "Sur 800 magasins Atol, les déficits de paiement se comptent chaque mois sur les doigts de la main ! Alors que chez les opticiens indépendants, il y aurait plus de 25 % de défaillances ou de retards de règlement…", fait remarquer Éric Plat.

Le patron de la FCA s'attarde également sur les différences de nature entre système coopératif et franchise : "La valeur de l’enseigne, sa notoriété, son image – un bien immatériel – appartient à la coopérative, mais donne de la valeur ajoutée aux points de vente. C’est ce qu’on vend aux indépendants purs, ceux qui n’auraient qu’une centrale d’achat ou de paiement, par exemple. Il est évident que sur le plan syndical, je me sens plus proche de Krys ou d’Optic 2000 [des coopératives de commerçants comme Atol_ndlr] que d’Afflelou [une franchise, ndlr], avec lequel nous ne sommes pas du tout dans la même logique de fonctionnement. Car le système franchisé, c’est un système pyramidal et hiérarchique, tout vient d’en haut. Alors que la mutualisation au sein d’une coopérative nous permet de proposer par exemple des outils de commerce multicanal, qui apportent à nos associés une plus-value, mais qui sont vraiment inaccessibles à un commerçant totalement indépendant. Ces outils multicanaux permettent de rapprocher le consommateur de l’enseigne, et représentent donc un enjeu considérable", argumente-t-il.
 
Promoteur d'un modèle qui a fait ses preuves tel quel, en particulier en termes de créations d'emploi (18 000 selon la FCA dans l'ensemble du commerce associé), Éric Plat aborde par ailleurs cette tentation, à ses yeux proprement française, des pouvoirs publics à s'ingérer dans le monde entrepreneurial* : "Il faut changer cette mentalité si franco-française, en laissant les entrepreneurs un peu plus libres, en leur donnant les moyens, pas seulement financiers mais aussi intellectuels – en termes de formation, d’encadrement légal – de pouvoir se développer. Or en France, être leader et dynamique, c’est suspect. Donc il faut réglementer, il faut régir, il faut encadrer. Or nous sommes des entrepreneurs indépendants, et dans la plupart des entreprises, il n’y a ni DAF, ni DRH. Une réglementation trop contraignante nous met donc en péril", déclare-t-il. 

* Rappelons que le projet de loi Macron voulait instaurer une obligation de rupture de contrat systématique entre un adhérent et sa coopérative au bout de 9 années. La FCA a activement bataillé contre cette disposition qui n'a finalement pas été retenue.