Reproduire la vision humaine à l'aide d'un empilement de milliers de couches de polymères, c'est le résultat auquel est arrivé une équipe de chercheurs américains. Ouvrant la voie à une nouvelle génération de lentilles de contact ?

Avec la cornée et le cristallin, l'oeil humain, on le sait, produit des images quasi parfaites sur la rétine. Cette production est rendue possible, rappelons-le, par la superposition de dizaines de milliers de couches de protéines d’indices de réfraction différents. C’est cette structure qu’ont reproduit presque à l'identique des chercheurs américains de la Case Western Reserve University, avec l’entreprise Polymerplus, issue du laboratoire basé à Cleveland. Comment ? D'abord en fabriquant de minces films par un procédé dit de coextrusion qui consiste à assembler les polymères par une réaction chimique. Ensuite en faisant varier la composition de ces différentes couches. À l'arrivée les chercheurs ont ainsi obtenu une cinquantaine de films superposés dont les indices de réfraction varient très progressivement d’un étage à l’autre, chaque film faisant environ 50 microns d’épaisseur, et étant composé de couches d’une dizaine de nanomètres… Ceci fait, l'ensemble de ce qu'on pourrait appeler un "sandwich" de films est aggloméré pour, in fine, obtenir par moulage des lentilles de contact ayant la géométrie et le profil d’indices voulus. Bref, ce faisant, les chercheurs ont mis au point un système optique inspiré de la nature même de l'œil humain et qui restitue des images de bonne qualité. Par la liberté de conception qu'elle permet dans le choix des profils d’indices de réfraction et des formes de design, cette technique novatrice ouvre de nouveaux horizons à la contactologie, certifient les chercheurs. En effet il est question de la possibilité de concevoir des systèmes optiques très compacts, dans lesquels n'entrent que très peu de composants, voire des implants oculaires que l’on pourrait adapter spécifiquement au patient.