Suite du compte-rendu du congrès de la FNOF. Sur fond de scrutins présidentiel et législatif à venir, le syndicat porte un corpus de propositions élaboré à la suite d'une année de consultations des opticiens. Et réfléchit déjà, évolutions technologiques obligent, au futur de la profession. 

"À moins d'un mois du premier tour de la présidentielle, ce n'est pas un peu tard pour faire des propositions aux candidats ?" L'interpellation vient d'un opticien présent dans la salle, lors du congrès de la FNOF, lundi 27 mars, alors qu'Alain Gerbel énumère les priorités sur lesquelles les décideurs politiques doivent selon lui se positionner. Réponse de l'intéressé : des contacts ont "évidemment" déjà été pris avec les staffs de campagne des candidats et, au-delà de ça, ce sont surtout les législatives qui comptent. La FNOF regarde en effet au-delà de la présidentielle dans le but de nourrir et d'orienter les échanges avec les futurs parlementaires.

Que retenir des priorités programmatiques du syndicat ? Citons pêle-mêle l'interdiction des réseaux, l'établissement d'une TVA à 5,5 % (assortie d'une obligation pour les Ocam de maintenir leur niveau de prestations), l'anonymisation du transfert des données de santé mais aussi, et surtout, la mise en place d'une "prise en charge coordonnée" de la santé visuelle, notamment dans le cadre de la Démarche Santé Visuelle impulsée en partenariat avec le syndicat des ophtalmos et le GIFO. Pour Alain Gerbel, cette dernière orientation est décisive. Il se dit convaincu que "les conditions sont enfin propices à la pleine et entière reconnaissance d'un opticien professionnel de santé", nous a-t-il confié. Dans son idée, "l'opticien de santé" doit, demain, être partie prenante de ce qu'il appelle "des conventions entre professionnels de santé sur tout le territoire". Entre la baisse démographique des ophtalmologistes, la persistance des déserts médicaux et les besoins visuels grandissants de la population, Alain Gerbel aspire à voir le périmètre d'intervention de l'opticien s'agrandir. Et de citer, à titre d'exemples, la santé visuelle au travail, le permis de conduire, la prise en charge des seniors et des enfants, "autant de domaines où l'opticien a vocation à jouer un rôle de premier plan", défend-t-il. Cette implication à facettes multiples, M. Gerbel considère qu'elle doit faire fond sur une consolidation de la formation initiale, qu'il souhaite en 3 ans. Sur le modèle des axes du Développement Professionnel continu, le contenu de cette année supplémentaire aurait vocation à densifier les connaissances, donc les compétences, des opticiens en matière de réfraction, contactologie, basse vision ou encore vision de l'enfant.

Respectivement à la tête du SNOF* et du GIFO**, Thierry Bour et Ludovic Mathieu, invités au congrès, apportent leur soutien à cette implication plurielle et progressive des opticiens, et ce sur la base de la Démarche Santé Visuelle. Rappelons que ce référentiel-métier, "initiative durablement structurante" pour M. Bourg, "socle de confiance entre professionnels de la santé visuelle" pour M. Mathieu, vise à mieux professionnaliser les prérogatives de l'opticien. À propos de la définition du métier et des règles d'exercice de la profession, précisons d'ailleurs qu'une proposition de loi sera bientôt déposée, vraisemblablement en septembre prochain au moment de la rentrée parlementaire, par le député de l'Ain, Damien Abad. Il a été sensibilisé à cette question par l'association des opticiens Ain-Jura, co-rédactrice du texte avec la FNOF.

Bref, à travers ces diverses initiatives, il s'agit pour M. Gerbel d'avoir une vision à long terme du métier d'opticien dans une société en mouvement et toujours plus transformée par la vague de fond numérique. Si l'on comprend bien, le porte-voix de la FNOF semble vouloir anticiper de possibles évolutions technologiques de l'appareillage optique, à l'horizon de la prochaine décennie. Bien qu'encore anecdotique, la question des lunettes connectées par exemple impose de s'interroger dès maintenant, esquisse le leader syndicaliste. "Demain, l'activité de l'opticien sera transversale", a-t-il dit en réponse à une question de la salle sur le profil de l'opticien dans dix ou quinze ans. Toutefois, dans l'immédiat, c'est le dossier de la "prestation" assurée par l'opticien qui occupe toute l'attention du président de la FNOF. Détaillée dans le futur devis, elle doit donner corps à cette notion d'"opticien de santé" défendue par le syndicat. Et surtout justifier, aux yeux du public, les 160 minutes que nécessite en moyenne la prise en charge d'un client, une durée constatée rappelons-le par la DGCCRF.

* Syndicat national des ophtalmologistes de France

** Groupement des Industriels et Fabricants de l'optique

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