Alors que le ministère de la Santé dit vouloir faire évoluer le dispositif 100 % Santé dans un dialogue constructif avec les parties prenantes, syndicats d’opticiens en tête, l’un deux, le ROF, « dénonce l’absence de concertation et demande un calendrier détaillé des négociations ».

Le Rassemblement des opticiens de France (ROF) voit rouge et le fait savoir. Dans un communiqué, l’organisation professionnelle déplore le manque de dialogue transparent avec le ministère de la Santé et de la Prévention dans le cadre de l’évolution prévue des contours du 100 % Santé. « Le ministre, lors du comité de suivi du 100 % Santé du 18 avril, a précisé à l’ensemble des organisations présentes, un démarrage des négociations au cours des 2e et 3e trimestres 2023 », contextualise l’instance syndicale qui assure solliciter, depuis plusieurs semaines, les services du ministère pour obtenir un calendrier détaillé de négociation. En vain car, à date, aucun agenda précis ou groupe de travail n’ont vu le jour. « Lors d’une réunion mercredi 31 mai, le cabinet du Ministre de la Santé et de la Prévention, a précisé que les négociations sur le 100 % Santé en optique ne démarreraient pas avant septembre. Pourtant, moins d’une semaine après, mardi 6 juin, avant même que la concertation ne débute, un projet de texte prévoyant la mise en place "d’un dispositif de rémunération complémentaire incitative pour favoriser l’offre 100 % Santé", a été publié au Journal officiel. Avec cette publication, les syndicats ne disposent plus que de vingt jours pour faire part de leurs remarques », s'agace le ROF, qui n’a visiblement pas du tout apprécié la chose. « Le 31 mai, à l’issue d'un échange en visio avec M. Barthélémy (conseiller aux produits de santé au sein du cabinet du ministre_ndlr), rien ne laissait présager qu’un projet déjà ficelé sortirait ainsi des cartons, quelques jours plus tard. La démarche n’est pas correcte, nous l’avons vécue comme une provocation », complète Arnaud Collin, le directeur général du syndicat, joint ce matin par téléphone.

« L'attitude du ministère est à la fois une manière de mettre la pression sur les parties prenantes et une façon, surtout, de tester leurs positions respectives », observe auprès de notre rédaction un connaisseur averti des tractations avec les décideurs publics. Ni la méthode de négociation, jugée unilatérale pour le moment aux yeux du ROF, ni les contraintes de délai imposées par les services du ministère de la Santé ne conviennent pour l’heure au syndicat qui refuse, dans ce contexte, de se positionner sur le bien-fondé du projet de texte émanant du ministère : « L’absence de visibilité à date sur un planning de sessions de travail et la publication d’un projet de texte sans concertation préalable sur son contenu, ne constituent pas des garanties d’une négociation sereine et dans le respect des professionnels de santé que sont les opticiens. L’accès aux soins visuels pour tous les Français, objectif principal de l’accord 100 % Santé, nous semble mériter une véritable anticipation des concertations pour permettre un travail approfondi. » Selon nos informations, le ROF ne s’est pas contenté de faire part de son désaccord au seul ministère de la Santé. L’Élysée et Matignon aussi ont été mis dans la boucle, l’organisation tenant à faire entendre son mécontentement en haut lieu.

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