Garantir la complète conformité du processus commande-livraison-facturation, c’est ce que propose une première solution de blockchain dont la FNOF est à l’initiative, adossée à deux très sérieux partenaires spécialisés en la matière. En parallèle, un autre projet va bientôt aboutir auquel le ROF, avec d’autres acteurs de la filière, prend une part active. 

Conformité, traçabilité, sécurité : ce pourrait être la devise de la technologie digitale dite blockchain qui consiste, dans le cas de l’optique, à contrôler tout le processus de commande, fabrication et délivrance des produits, verres ophtalmiques en tête. Au Silmo, en petit comité, la Fédération nationale des opticiens de France (FNOF) a présenté une première solution de certification mise au point avec Olaquin et GoodsID, deux sociétés françaises qui ont un savoir-faire éprouvé dans ce domaine. Hugues Verdier-Davioud, le président de la "Fédé", insiste particulièrement sur ce point : « Ces deux partenaires avec lesquels la FNOF a contractualisé ont une expérience et une expertise solides pour répondre aux problématiques de traçabilité des produits de santé. Si aujourd’hui nous lançons ensemble cette solution de contrôle des commandes de verres optiques, c’est parce qu’elle est fiable et opérationnelle. »

Mais reprenons depuis le début pour bien comprendre de quoi il s’agit. En 2019, une ébauche de projet commun de blockchain est envisagée à l’échelle de la filière via les organisations professionnelles, d'opticiens et d'industriels. Certains acteurs importants se retirant du projet, il avorte finalement en 2022. S’estimant à la pointe sur ce dossier depuis longtemps crucial à ses yeux car il en va de la lutte contre la fraude et donc de l’image de la profession, la FNOF a donc décidé de prendre, seule, l’initiative. « On me l’a reproché ici et là mais il fallait bien avancer sur ce sujet, et nous faisons aujourd’hui la démonstration qu’une solution viable est possible », fait observer Hugues Verdier-Davioud. Le syndicat s’est donc adjoint les services d’Olaquin et GoodsID, c’était en mars 2023. Six mois plus tard, en septembre, et malgré l’extrême complexité technique du sujet, un outil voyait le jour. Pourquoi ne pas l’avoir déployé dès l’automne 2023 puisqu’il était prêt à l'emploi ? « Nous avons déposé auprès de la CNIL un dossier avec tous les éléments techniques pour obtenir son avis. Ce n’est que cet été, en juillet 2024, qu’elle a rendu une décision positive et valider notre solution de blockchain. La CNIL a confirmé qu’elle peut être implantée. Voilà pourquoi nous la dévoilons officiellement aujourd’hui », déclare Hugues Verdier-Davioud en retraçant la chronologie de la conception de cette blockchain qui a vocation à s’adresser à tous les acteurs de la filière.

« Certes l'impulsion vient de la FNOF, mais c’est bien, j'insiste là-dessus, une solution d’intérêt général, pour l'ensemble de la filière. Elle a pour objet de répondre aux besoins spécifiques de chacun des intervenants », n’a de cesse de répéter le porte-voix du syndicat. Concrètement, cela signifie ceci : « Pour les opticiens : un suivi simplifié et sécurisé de la traçabilité des verres, de la commande à la livraison au patient, réduisant ainsi la charge administrative liée à la fourniture de justificatifs. Pour les Assureurs Maladie Complémentaire (AMC) : la garantie que le verre délivré à l’assuré correspond bien à celui qui a été commandé, fabriqué, et facturé au patient. Et pour les verriers : la sécurisation de l’authenticité des verres mis sur le marché et la maîtrise des circuits de retour », résume le président de l’instance syndicale. « Notre solution fonctionne. Elle repose sur une technologie adaptée dite de blockchain publique qui enregistre des données préalablement anonymisées. Chaque étape du parcours d’un verre est sécurisée et infalsifiable, offrant ainsi une transparence totale. Chaque acteur vient inscrire automatiquement dans la blockchain une trace de son action depuis la signature du devis par le patient chez l'opticien, la fabrication du verre chez le verrier et enfin la facturation de l'équipement par l'opticien. L'AMC pourra consulter la cohérence des informations inscrites », détaille Hugues Verdier-Davioud qui utilise aussi l'image d'un coffre-fort crypté. À l’en croire, plusieurs Ocam ont déjà très favorablement accueilli cet outil, au moins sur le principe, parce qu’il leur permettrait de réduire la fraude en optique qui, rappelons-le, représente autour de 20 % de leurs frais de gestion.

« Au fond, avec cette solution de certification des équipements d’optique médicale, nous allons enfin pouvoir apaiser nos relations, toujours tendues, avec les complémentaires. En écartant les quelques brebis galeuses qui continuent de ternir l’image de la profession », dit encore le président de la FNOF. Une première version de cette solution de blockchain est déjà disponible, en cours de déploiement auprès d’un panel d’utilisateurs (opticiens, verriers, AMC) et d’éditeurs de logiciels afin de recueillir leurs retours et affiner un peu plus encore la solution avant sa généralisation, espère la FNOF. Pour être complet sur ce sujet, précisons qu'un autre projet de blockchain est dans les tuyaux auquel le Rassemblement des opticiens de France (ROF) prend, de son côté, une part active. « Nous coordonnons depuis plusieurs mois des groupes de travail avec des fabricants et des Ocam pour aboutir à un outil de filière pensé par tous et pour tous », nous a indiqué, joint par téléphone hier soir, Jean-François Porte, à la tête du ROF. D’abord annoncé pour l’été, ce projet de blockchain dont on nous dit qu’il est en cours de finalisation, capitalise sur l’expertise-métier du prestataire IzySolutions. Pour le moment tenu à la confidentialité, le président du ROF se montre confiant : « D’ici quelques semaines, nous espérons être en mesure d’en dire davantage sur les spécificités de cette solution vraiment collaborative qui entend répondre aux besoins de toutes les parties prenantes de la filière, opticiens, fournisseurs et Ocam. » Bref, retenez bien ce mot - blockchain -, on n’a pas fini d’en entendre parler…

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