Retour sur les propos tenus par Etienne Caniard, le président de la Mutualité française, dans une interview accordée hier à Libération. Revue de presse.

"C'est un débat incompréhensible". Tel est, dans un entretien donné à Libération hier, le sentiment d'Etienne Caniard à propos des attaques ciblant la Mutualité française dans le débat sur la question des réseaux et du parcours de soins de l'assuré. De son point de vue, la proposition de loi adoptée hier en première lecture par les députés qui vise, faut-il le rappeler, à légaliser les remboursements différenciés, cette proposition de loi, donc, est "anodine" et "provoque remous et déchaînement de propos erronés". Anodine parce qu'à ses yeux elle ne fait jamais que régulariser une situation existante : "Cette disposition existait depuis des années sans poser le moindre souci. Les mutuelles avaient ainsi la possibilité d’augmenter leurs taux de remboursement lorsque l’usager passait par des professionnels qui ont souscrit un conventionnement avec elles. Cette disposition apparaissait dans les contrats de près de 30 millions de Français. Tout le monde était au courant et cela ne posait aucun problème. En mars 2010, pour des raisons purement juridiques, cette décision a été cassée", explique-t-il faisant allusion ici à un arrêt rendu par la Cour de cassation interdisant la pratique des remboursements différenciés. Évoquant les déboires de la loi Fourcade portée par le gouvernement Fillon sous la mandature précédente dont, rappelons-le pour mémoire, un article était favorable à ces dits remboursements, le président de La Mutualité française voit dans la proposition de loi maintenant dans les mains des sénateurs une suite logique, ni plus ni moins, de ce précédent texte : "Aujourd’hui, il s’agit simplement de reprendre au mot près le texte qui avait été voté un an et demi auparavant par la droite. Il ne s’agit en rien d’un cadeau supposé de la gauche aux mutuelles", se défend-il.
Pour le représentant de la Mutualité française la polémique née autour du parcours de soins de l'assuré ne serait ainsi qu'une façade, un trompe-l'oeil : "mon sentiment est que derrière tout cela, il y a pour certains un refus de toute régulation des dépenses de santé. Et pour d’autres, souvent des gens de gauche, il y a le souhait de ne pas égratigner le mythe de la sécurité sociale. C’est d’autant plus un mythe qu’aujourd’hui l’assurance maladie ne prend en charge que la moitié des dépenses de santé. Dans ce jeu d’illusions, la Mutualité dérange. Pour nous, un bon système de santé est un système qui est bien régulé. Le choix de ne rien faire et de ne pas réguler ne sera jamais le nôtre", s'est-il justifié dans les colonnes du quotidien.