Fraude et dérives dans la filière visuelle : "Il est temps que cela change", réclament les orthoptistes
Dans un communiqué saluant la nomination de Michel Barnier à Matignon, le Syndicat National Autonome des Orthoptistes entend attirer l’attention du Premier Ministre sur « plusieurs enjeux cruciaux pour le secteur de la santé ». Et d’abord la financiarisation de la filière visuelle, source d'éventuelles dérives…
Le Syndicat National Autonome des Orthoptistes (SNAO) voit dans l’arrivée d’un nouveau Premier ministre et, donc, d’un futur (bientôt ?) gouvernement, l’occasion de tirer la sonnette d’alarme sur « plusieurs enjeux cruciaux pour le secteur de la santé ». Félicitant Michel Barnier pour sa nomination dans un communiqué, l’organisation professionnelle appelle son attention sur la grandissante « financiarisation du système de santé et le développement croissant de la fraude dans la filière visuelle. Ces dérives visent à donner l’illusion d'une amélioration de l'accès aux soins, au détriment de la sécurité des patients », s’inquiète Mélanie Ordines, la présidente du SNAO, dans une allusion transparente aux multiples affaires, cette année, concernant tel ou tel réseau de centres ophtalmologiques. Elle recontextualise : « Le SNAO a constaté une prolifération inquiétante de centres de santé dans des zones où l'offre de soins visuels était déjà suffisante. Ces établissements, souvent dirigés par des personnes non issues du secteur médical, privilégient un modèle de soins axé sur la rentabilité plutôt que sur les besoins réels des patients. Malgré nos mises en garde précoces, les réponses des autorités ont été trop lentes pour endiguer ces dérives. Il est temps que cela change », réclame la porte-voix des orthoptistes. Autre sujet d’inquiétude à ses yeux : « la pratique illégale de l’orthoptie par des assistants médicaux, un problème persistant sans aucune réaction du ministère de la Santé ».
L’instance syndicale insiste par ailleurs sur la nécessité, à l’avenir, de conforter la place des orthoptistes, notamment « dans l'organisation des soins pédiatriques » ou « dans la prise en charge des troubles neuro-développementaux ». Pour l’instant, ce n’est encore pas le cas, loin s'en faut : « L’absence [des orthoptistes] dans ces domaines reste une source de frustration et d'incompréhension », déplore Mélanie Ordines. Plus largement, son syndicat attend du nouveau locataire de Matignon et de son prochain ministre de la Santé, « non seulement des mesures pour sécuriser la pratique des soins, mais aussi un soutien au développement des orthoptistes en exercice libéral. Cela passe par des rémunérations adaptées aux réalités économiques actuelles ». Une réflexion approfondie sur le rôle des professionnels de santé dans le secteur médico-social sera-t-elle impulsée par le prochain gouvernement Barnier ? Pas sûr que cela soit une priorité, mais le SNAO, de son côté, l’espère vivement et l’appelle de ses voeux.
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