Le verre à moitié plein… ou à moitié vide !
Dans le landerneau de l’optique, le sujet sur le RAC 0 suscite toujours des controverses dont la grande presse se fait l’écho, avec ici et là des oracles et des porte-voix qui annoncent souvent l’apocalypse.
Dans le landerneau de l’optique, le sujet sur le RAC 0 suscite toujours des controverses dont la grande presse se fait l’écho, avec ici et là des oracles et des porte-voix qui annoncent souvent l’apocalypse. On constate combien les médias souvent manipulés par des lobbies, peuvent parfois mener « la politique de l’incendie volontaire » pour enflammer les réactions émotives des foules enfiévrées dont la clairvoyance n’est pas la qualité principale. Dans un article paru le 16 février dernier, Aujourd’hui/Le Parisien titre « Les opticiens redoutent 1 500 à 2 000 fermetures de magasins ». Le même jour, sur le même sujet, Le Figaro titre : « Comment les opticiens ont résisté à la chute des remboursements ». Dans le premier, Alain Gerbel, président de la Fédération des opticiens de France, déclare que « selon la Banque de France, l’activité a encore reculé de 0,5 % l’an dernier ». Ajoutant : « Le marché est arrivé à saturation. En plus, la crise économique et l’arrivée du 100 % Santé incitent à différer les achats ». Dans le second, on peut lire que « le chiffre d’affaires des 12 342 magasins est resté stable (+0,1 %) à 6,5 milliards d’euros grâce à un retour à la croissance des ventes de verres correcteurs ». Charlotte Burel, spécialiste de l’optique chez GfK, précisant que « le bilan de l’année est plutôt encourageant par rapport au pessimisme qui avait prévalu dans le secteur. »
Une vision pessimiste qui avait alimenté les prédictions prémonitoires des professionnels de la profession. Le Figaro rappelle avec pertinence les (pré)visions apocalyptiques énoncées il y a trois ans par certains Cassandre : « Jean-Pierre Champion, PDG de Krys, redoutait ainsi un recul du marché de 15 % et un manque à gagner d’un milliard d’euros sur trois ans. Laurent Levy, patron d’Optical Center, craignait, lui, une chute du parc à 8 000 points de vente d’ici 2020 »… La rationalité et l’objectivité exprimées par des experts mesurés, jugés sans doute trop complaisants et naïfs, sont évidemment moins vendeurs qu’un scénario noir décrit par des experts catastrophistes. Pourtant, dépeindre la réalité sur un ton factuel est de toute évidence la seule façon d’éclairer un débat où chacun peut argumenter selon ses convictions, sans tomber dans l’excès de la rhétorique grandiloquente. Et sans flirter avec un pessimisme aux traits forcés.
Le 9 décembre 2010, The Economist demande son point de vue sur l’optimisme au théoricien Hans Rosling qui répond : « Je ne suis pas un optimiste. Je suis un possibiliste tout à fait sérieux ». Le secteur de l’optique-lunetterie n’est pas en péril, il doit simplement s’adapter à une nouvelle réalité où tout est possible, mais sûrement pas le pire. Pour preuve, le marché est et sera en croissance organique avec des fondamentaux solides comme le vieillissement de la population, la démographie. Chaque année, on dénombre 600 à 700 000 nouveaux presbytes, et la myopie touche un nombre croissant de personnes notamment les jeunes générations : plus de 40 % des 16/24 disent avoir du mal à voir de loin. Face à ces réalités sociétales, il faut aussi compter sur la R&D des grands verriers qui investissent pour améliorer la vue et le confort des porteurs, avec des innovations qui devraient séduire une partie de la population qui n’entend pas brader sa vision avec des équipements bas de gamme. Aux opticiens de valoriser leur expertise au juste prix.
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