Le juste prix
Ce jeu populaire d’origine américaine (« The price is right », créé en 1956) a fait les beaux jours de la télévision dans de nombreux pays du monde, mais perd aujourd’hui de sa saveur dans une économie à tendance déflationniste. Un cauchemar pour les Etats piégés dans un marasme qu’aucune mesure de relance ne parvient à sortir franchement. Il y a plusieurs paramètres à cette situation dont celui engendré par… les consommateurs eux-mêmes !
Ce jeu populaire d’origine américaine (« The price is right », créé en 1956) a fait les beaux jours de la télévision dans de nombreux pays du monde, mais perd aujourd’hui de sa saveur dans une économie à tendance déflationniste. Un cauchemar pour les Etats piégés dans un marasme qu’aucune mesure de relance ne parvient à sortir franchement. Il y a plusieurs paramètres à cette situation dont celui engendré par… les consommateurs eux-mêmes ! Des consommateurs qui chassent les prix les plus compétitifs en utilisant les nouveaux outils en ligne et mobiles que sont les multiples comparateurs de prix passant au tamis les offres des marques et des distributeurs dans tous les secteurs de l’économie. Une chasse aux prix bas qui alimente une « inflation négative » ; une traque devenue un geste banal largement médiatisé par des pure-players (Liligo, Trivago, Jetcost, Kayak, Cherchons, Comparer, Easyvoyages, etc.), et des distributeurs comme Leclerc par exemple qui avec son Quiestlemoinscher.com invite à comparer ses prix avec ceux de ses concurrents.
Comparer n’a rien de choquant ni de révolutionnaire évidemment, c’est même le signe d’une approche saine de l’acte d’achat, sauf que cette obsession comparative et instantanée crée une instabilité permanente et plus encore donne le sentiment que la valeur d’un produit et d’un service n’existe plus, sauf la plus basse possible. Alors pour se mettre au niveau du marché imposé par les conso-comparateurs, les entreprises et les distributeurs baissent leurs prix et multiplient les promotions, par ricochet font pression sur leurs fournisseurs pour tenter de préserver leurs marges.
Le secteur de l’optique n’échappe pas au phénomène, loin de là , même si aucun distributeur n’a encore osé se lancer ouvertement dans l’exercice à la manière d’un Leclerc. On comprend le risque, l’optique est d’une opacité telle qu’elle a fini par agacer les associations de consommateurs, les mutuelles (complices) et des politiques jamais en mal de lois et de contraintes pour exister et « rendre du pouvoir d’achat aux consommateurs » (sic !). Sans oublier les fantasmes de la presse grand public qui continue de tailler des costumes aux opticiens et leurs marges extravagantes…
Les consommateurs continueront à activer les comparateurs et à alimenter l’inflation négative tant que la transparence ne sera pas la norme, tant que le juste prix sera celui le plus bas possible, tant que la stratégie de volume et de part de marché se fera au détriment de la monétisation des services, de la qualité et de l’innovation. Les opticiens ne devraient pas vendre des lunettes, mais valoriser ce qu’il y a de plus important dans leur expertise : la santé visuelle. Le juste prix est accepté et acceptable quand il s’applique à un savoir-faire reconnu et respecté.
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